Un voyage loin du tourisme classique, pour susciter ou renforcer sa conscience de l’Église universelle…

Les paroisses de Bouxwiller et environs soutiennent depuis longtemps les projets de la Société luthérienne de mission en Afrique du Sud, dans le cadre du partenariat entre l’UEPAL, la Société luthérienne et l’œuvre missionnaire allemande de Herrmannsburg. Mais le besoin de redynamiser l’élan missionnaire s’est fait récemment sentir. Et pour cela, quoi de mieux qu’un voyage, histoire de découvrir le pays de l’intérieur et de rencontrer des réalités d’Églises de cet autre bout du monde ? Grâce à Monique Dalka, une Alsacienne partie il y a trente ans à Johannesburg comme envoyée de l’œuvre allemande et qui vit toujours là-bas, l’organisation du séjour a été relativement rapide et confiée à une agence de voyage sud-africaine. Au menu de ces treize jours et 3000 km de circuit : la visite de projets sociaux portés essentiellement par les Églises luthériennes, des rencontres au plus près du terrain, la participation à des cultes, le musée de l’apartheid à Soweto et un safari à la découverte de la faune sauvage. Du « sur-mesure pour 2 100 K par personne tout compris, avec des hébergements modestes privilégiant la qualité d’accueil et la rencontre », détaille Annelise Deiss, représentante de l’UEPAL au Défap et l’une des chevilles ouvrières, avec Marlène Merckling et Jean-Luc Hauss, de ce voyage initialement imaginé pour une vingtaine de personnes.

Rien ne remplace les vrais contacts

Parmi les participants, Marlise Krieger, 68 ans. Elle s’était déjà rendue en Afrique du Sud il y a trente ans et s’est laissée convaincre d’y retourner bien qu’elle ne parle pas l’anglais. «J’ai voulu voir le travail effectué par les Églises là-bas ; l’énergie et l’inventivité déployées, notamment auprès des enfants des rues et des réfugiés, m’ont impressionnée », raconte-t-elle. Anne et Marc Heitz, la cinquantaine et tous deux médecins, ont souhaité «joindre l’humanitaire et le culturel pour un voyage qui ait du sens ». Même si, comme le relève Marc, « dix jours ne permettent pas d’aller à fond dans la complexité des problématiques socio-politiques », ils reviennent «fascinés par ce pays qui pourrait être un paradis mais où la corruption, les traces de l’apartheid et les inégalités provoquent des ambiances étouffantes ». Anne, gagnée par « le sentiment qu’il y a quelque chose de commun» lors d’un culte où tous chantaient Ein Feste Burg en zoulou, se verrait bien y retourner : «Quand je serai retraitée, pourquoi ne pas donner trois à six mois de mon temps là-bas, à soigner ? Je m’y sentirais bien, pas déracinée ».

Le pasteur Jean-Luc Hauss, responsable des relations entre l’UEPAL et la Mission de Hermannsburg, offre des bibles et des livres de théologie à la pasteure Rosalie Madika. Réfugiée politique du Congo, elle est depuis avril 2018 à la tête d’une communauté qui accueille des réfugiés francophones dans la banlieue de Pretoria. Quant à Élisabeth Mutschler, principale de collège à la retraite et vice-présidente de l’Action chrétienne en Orient, elle était du voyage aussi. Elle estime nécessaire ce type de « visites fraternelles qui privilégient la dimension interculturelle : quand les choses deviennent réelles, on comprend mieux en quoi consiste ‘la mission’ et les participants vont spontanément en parler autour d’eux». Une manière, selon elle, de « remettre les pendules à l’heure car beaucoup de gens en sont encore à la vision des gentils petits Noirs qu’il faut aider ».

LE PAYS EN QUELQUES CHIFFRES

• 56,5 millions d’habitants (80% de Noirs, 10% de Blancs et 10% de métis), avec une pression migratoire très forte
• Deuxième puissance économique d’Afrique
• 80 % de la population est chrétienne (dont 11% de luthériens) ; 1,7% musulmane
• Espérance de vie : 63 ans (71 ans pour les Blancs, 51 ans pour les Noirs)
• Taux de chômage : 26,7% (52% chez les 15-24 ans)
• Sida : 18,19 % de la population est séropositive
• Criminalité : 52 meurtres et 100 viols par jour
Sources : Le Monde, 17 juillet 2018 et www.diplomatie.gouv.fr