Bruno Retailleau a annoncé mardi 18 février que les actes antimusulmans avaient baissé de 29% en France entre 2023 et 2024. Au total, 173 actes ont été recensés en 2024, mais ce nombre est « sans doute en deçà de la réalité, car toutes les victimes ne portent pas nécessairement plainte », a modéré le ministre de l’Intérieur à l’occasion de la deuxième session du Forum de l’Islam de France (Forif). L’année 2023 avait été marquée par 242 faits, celle de 2022 par 188 faits et celle de 2021 par 213 faits, rappelle La Croix. Dans le détail, en 2024, 52% des faits constituaient des atteintes aux biens, et 48% étaient des atteintes aux personnes. L’Île-de-France a enregistré 41 faits, contre 24 en Auvergne-Rhône-Alpes et 20 dans les Hauts-de-France.
Les faits antimusulmans ont représenté 7% des faits antireligieux en 2024, a précisé le ministre. « Face aux faits qui visent nos compatriotes de confession musulmane, nous serons intraitables », a assuré Bruno Retailleau. Il a présenté un nouvel acteur pour aider dans cette tâche : l’Association de défense contre les discriminations et actes antimusulmans (Addam). Celle-ci, créée en février 2024, va lancer une plateforme de signalement des actes islamophobes.
Les actes antimusulmans avaient explosé en 2023
Cette baisse s’explique aussi par le fait que les actes islamophobes avaient bondi en 2023. Cette année-là, 242 actes antimusulmans avaient été enregistrés, représentant une augmentation de 30% par rapport à 2022. Plus de la moitié d’entre eux avaient été commis après le 7 octobre 2023, jour des attaques du Hamas en Israël, rapporte le Middle East Eye. « Cela montre que le conflit au Proche-Orient a des résonances évidentes sur notre sol et qu’il touche des musulmans français », avait indiqué Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur de l’époque. Le nombre d’actes antimusulmans a fluctué au cours des dernières années. La population musulmane a été particulièrement visée en 2015, année des attentats de Charlie Hebdo et du 13 novembre, avec près de 430 actes recensés par le Service central du renseignement territorial (SCRT).
En octobre 2024, un rapport de l’agence européenne des droits fondamentaux (FRA) sur l’islamophobie dans 13 pays de l’Union européenne, a révélé que 39% des personnes interrogées en France ont dit en être victimes. « Les musulmans sont pris pour cible non seulement en raison de leur religion, mais aussi en raison de la couleur de leur peau et de leur origine ethnique ou immigrée », indique le rapport cité par Libération. Les discriminations sont particulièrement ressenties dans le domaine de l’emploi, mais aussi pour trouver un logement. Les femmes qui portent des vêtements religieux se disent aussi plus discriminées que celles qui n’en portent pas ou que les hommes. Au total, l’étude a montré que 50% des musulmans de 13 pays européens vivaient des discriminations dans leur vie quotidienne, contre 39% en 2016. Selon la représentante de l’Agence européenne des droits fondamentaux, les études montrent « un pic de haine contre les musulmans » depuis le 7 octobre 2023.