“Oui, je suis Aïsha*. La fille qu’un jour, on a abandonnée sous les abricotiers et les pêchers… Mais aujourd’hui, je suis là pour raconter ma vie.” Sa mère, une femme du Hazarajat d’Afghanistan, a été une femme victime dès l’enfance. Mais elle n’a “jamais enterré son âme” écrit sa fille qui a hérité de sa force. Si elle a trouvé la force d’écrire ces mots, c’est pour qu’“aucune fille, aucune femme ne vivent les mêmes souffrances”. “Chaque ligne de cette histoire est sortie du fond de mon cœur, mêlée à mon sang et à mes larmes”, précise la jeune femme. “J’écris, parce que le silence a assez duré. J’écris, parce que je veux faire entendre la voix d’une fille afghane, d’une femme sans voix, au monde entier”, poursuit celle qui a fuit son pays en 2021, après le retour au pouvoir des talibans. Voici le texte d’Aïsha.
J’avais dix ans… J’étais en quatrième année, et je souriais à la vie avec l’enthousiasme innocent de l’enfance. À l’école, j’étais parmi les meilleures élèves ; toujours pleine d’énergie, sociable et remplie d’espoir. Mais c’est précisément à cet âge que ma vie a changé de couleur. Les véritables douleurs et épreuves ont commencé à ce moment-là. À cette époque, j’ai compris clairement qu’être une fille en Afghanistan, ce n’est pas seulement un genre, c’est un fardeau lourd de discrimination, de peur, de limites et de souffrance.
Une fille éclairée
Depuis l’enfance, j’étais une fille éclairée. Je croyais en la capacité des femmes. Je ne me suis jamais sentie faible, et je ne voulais pas me soumettre à ce que la société leur impose. Mais peu à peu […]