La semaine dernière, l’ONG Human Rights Watch (HRW) publiait un rapport glaçant. Celui-ci mettait au jour “des meurtres ou des disparitions dont ont été victimes 47 anciens membres des Forces nationales de sécurité afghanes qui se sont rendus ou étaient détenus par les forces talibanes entre le 15 août et le 31 octobre”. D’après HRW, les victimes recensées seraient des membres du personnel militaire, des policiers, des agents des services de renseignement et des miliciens, précise franceinfo. “Les dirigeants talibans ont ordonné aux membres des unités des forces de sécurité s’étant rendues de venir s’inscrire pour obtenir une lettre garantissant leur sécurité”, repend HRW. Or il s’agissait d’un piège.  Les talibans “ont exploité ces listes de noms pour procéder à la détention et à l’exécution sommaire ou à la disparition forcée de ces personnes quelques jours après leur inscription.” 

Samedi 4 décembre, les États-Unis et leurs alliés occidentaux ont fait part de leur préoccupation après ces allégations. “Nous sommes profondément préoccupés par les informations faisant état d’exécutions sommaires et de disparitions forcées d’anciens membres des forces de sécurité afghanes, comme l’ont documenté HRW et d’autres”, ont déclaré une vingtaine de pays (Royaume-Uni, Japon, l’Union européenne…) dans un communiqué publié par le département d’État américain. Le texte déplore également que ces “actions présumées constituent de graves violations des droits humains et contreviennent à l’amnistie annoncée par les talibans”.

“Nous sommes terrifiées”

Deux jours plus tard, le 6 décembre, c’était au tour d’Amnesty International de publier un communiqué dénonçant l’abandon des femmes et des filles afghanes victimes de violences fondées sur le genre. Selon l’ONG, les talibans ont fermé nombre de foyers d’accueil parallèlement à la libération de détenus, dont beaucoup avaient été reconnus coupables de violences à l’égard des femmes. Les victimes comme les personnes travaillant dans ces structures ou les avocats sont “désormais exposés à des violences, voire à la mort”, s’inquiète l’ONG.

“En Afghanistan, les femmes et les filles victimes de violences fondées sur le genre sont fondamentalement abandonnées. Leur réseau de soutien a été démantelé et les places dans les centres d’accueil sont réduites à peau de chagrin”, a affirmé Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International. “Nous sommes terrifiées, a témoigné une femme afghane auprès d’Amnesty International. Pendant combien de temps pourrons-nous rester ? Les talibans sont venus au centre à minuit, à 1 heure du matin, et à maintes reprises au cours de la journée. Nous leur avons dit que c’était un endroit sûr pour nous, mais ils ne nous croient pas. Nous ne sommes plus en sécurité nulle part.”