Les enquêteurs ont fait une découverte macabre au Kenya, à la mi-avril, et le bilan ne cesse de s’alourdir. Mardi 25 avril, le ministère de l’Intérieur faisait le décompte d’au moins 90 morts dans la forêt de Shakaola, dans le sud-est du pays. Tous faisaient partie l’Église internationale de Bonne Nouvelle (Good News International Church), un mouvement sectaire d’inspiration chrétienne.
Selon La Croix, les fidèles sont morts de faim après un jeûne extrême pour « rencontrer Jésus ». Le pasteur Mackenzie Nthenge est suspecté de leur avoir fait subir un « lavage de cerveau ». Le quotidien indique qu’il avait déjà été arrêté plusieurs fois par les autorités judiciaires, en raison d’accusations de radicalisation. Il prônait de ne pas emmener les enfants à l’école, et affirmait que l’éducation n’était pas reconnue dans la Bible.
De nombreuses dérives sectaires
Ce bilan macabre n’est pas inédit sur le continent africain. Au Bénin, en janvier 2017, cinq personnes sont décédées d’une intoxication au monoxyde de carbone, suivant les commandements de la secte « Parfaite ». En Ouganda, en 2000, le rite du Mouvement pour la restauration des Dix Commandements entraînait, quant à lui, la mort de 700 personnes, persuadées d’une apocalypse imminente.
De tels faits-divers s’expliquent par l’émergence de nombreux mouvements sectaires en Afrique, dissidents de l’Église catholique et protestante. Le journal La Croix explique ainsi que certaines croyances radicales ont trouvé un accueil auprès de populations souvent démunies, dans des pays qui octroient une grande liberté de culte.
Au Ghana, à l’occasion du passage à 2023, les autorités du pays ont ainsi averti les communautés religieuses que la « communication publique de prophéties apocalyptiques » était interdite. Selon BBC Africa, des millions de chrétiens se rassemblent à chaque début d’année pour entendre le prêche des pasteurs, dont certains annoncent parfois des « catastrophes imminentes ».
Des mouvements difficiles à contrôler
Au Togo, plus de 850 Églises nouvelles étaient dénombrées en 2009. En novembre 2022, le gouvernement a fait fermer une quinzaine de lieux de cultes, car les riverains se plaignaient notamment de nuisances sonores.
Pour faire face aux dérives sectaires, les États ont peu de marge de manœuvre. En Côte d’Ivoire par exemple, où les pasteurs autoproclamés sont de plus en plus nombreux, la loi indique que nul ne doit être inquiété pour ses opinions religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre établi.
Au Kenya, selon La Croix, le président William Ruto a toutefois promis des mesures contre les cultes « terroristes » qui « utilisent la religion » et le ministère de l’Intérieur prévoit de renforcer la règlementation des églises, des mosquées et des synagogues.