Haïti est un pays où la crise est permanente et multiforme : crise politique, crise économique, crise sécuritaire, crise sanitaire… crise humanitaire. Depuis le départ de la Minustah, la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti, le pouvoir effectif dans la rue a été peu à peu conquis par des gangs (on en recense près de 200) qui se livrent une guerre sans merci, sous le regard d’une police impuissante, au point que des quartiers entiers de Port-au-Prince sont sous leur contrôle et que l’on parle désormais de «déplacés», comme dans un pays en guerre, pour désigner les milliers d’habitants qui ont dû fuir les violences, laissant tout derrière eux, et sont contraints de survivre sans toit.
Une recrudescence des affrontements entre groupes armés a laissé certains quartiers en ruines, avec des centaines de maisons incendiées ou endommagées ; plus de 15.000 femmes et enfants ont été contraints de fuir leur foyer ; 80% de ces déplacés se sont retrouvés sans logement suite aux combats des quatre dernières semaines. Mais avec la mort du président Jovenel Moïse, abattu dans sa résidence privée par un groupe lourdement armé au cours d’une véritable opération commando qui a duré près de deux heures, sans intervention de la police (un commissariat est pourtant présent dans le quartier) ni de l’armée, le niveau d’instabilité atteint par le pays menace désormais de bloquer des aides cruciales pour des millions d’habitants parmi les plus vulnérables. Depuis cet […]