L’Afrique a connu un nouveau coup d’État, mercredi 30 août. Au Gabon, des militaires putschistes ont annoncé avoir mis « fin au régime en place » et avoir placé en résidence surveillée le Président Ali Bongo Ondimba. Il venait d’être réélu après quatorze ans au pouvoir, mais l’opposition dénonçait un processus électoral frauduleux.
Le coup d’État met fin à cinquante-cinq ans de règne de la famille Bongo sur ce pays d’Afrique centrale riche en pétrole, comme l’indique Europe 1. Des Gabonais ont rapidement apporté leur soutien aux militaires lors de manifestations et le chef de la garde présidentielle, nommé « président de la transition » a été acclamé.
Voitures de luxe et appartements parisiens
La famille Bongo devenait de plus en plus impopulaire au Gabon, à la tête d’un système de corruption dont les ramifications s’étendaient jusqu’en France. France 24 revient sur son l’accession au pouvoir d’Ali Bongo en 2009 : à l’époque, le Président s’offre une trentaine de voitures de luxe, et la commande, passée par une société suisse, atteint les 15 millions d’euros. Le contrat ne stipule pas qui utilisera les véhicules, ni dans quel contexte, mais on raconte que le chef de l’État effectue des sorties de loisir en Mercedes ou en Rolls-Royce.
Ali Bongo est aujourd’hui soupçonné d’avoir bâti une partie de sa fortune sur l’argent public gabonais, et de s’être protégé au moyen de son immunité présidentielle. La famille Bongo est elle-même impliquée dans l’affaire des « biens mal acquis ». Il s’agit de biens obtenus illégalement par des personnalités politiques étrangères ou par leurs proches, grâce à des procédés de détournement de fonds publics ou de corruption.
La justice française enquête depuis 2007 sur les biens mal acquis par les familles de trois présidents africains, dont les Bongo. Elles sont soupçonnées d’avoir obtenu illégalement en France des biens immobiliers, des voitures, des montres ou encore des œuvres d’art, explique franceinfo. La famille Bongo a une fortune estimée à au moins 85 millions d’euros en France. Elle possède 33 propriétés en région parisienne, et 11 sur la Côte d’Azur.
Des sociétés françaises mises en accusation
L’affaire aurait débuté en 1967, année de l’élection d’Omar Bongo à la tête du Gabon. Le père d’Ali Bongo a multiplié les acquisitions à l’époque de la Françafrique, et après sa mise en examen, neuf de ses enfants ont progressivement été mis sur le banc des accusés.
Selon un arrêt de la cour d’appel de Paris de février 2022, le patrimoine de la famille Bongo a été acquis « frauduleusement », poursuit franceinfo. L’argent serait issu de « détournements de fonds publics et des sommes considérables provenant du délit de corruption des sociétés pétrolières ». Plusieurs sociétés françaises sont soupçonnées, comme Elf Aquitaine, aujourd’hui TotalEnergies, et la BNP Paribas. Cette dernière est mise en examen depuis 2021, pour « blanchiment de corruption et détournement de fonds publics ».