2015 a été une année noire pour les chrétiens : 7 100 d’entre eux ont été tués dans le monde en raison de leur foi, selon l’ONG protestante hollandaise Portes ouvertes. Un chiffre en augmentation constante (+63 % par rapport à 2014) et probablement très en dessous de la réalité, car il ne concerne que les cas avérés et répertoriés.

Aider

Depuis septembre 2014, la cellule d’urgence du protestantisme s’est mobilisée pour venir en aide aux réfugiés d’Irak et de Syrie. Aujourd’hui, c’est la Fédération d’entraide protestante (FEP) qui coordonne les actions d’aide venant de France, en lien avec deux associations qui travaillent sur place (Action chrétienne en Orient et Medair). Dans notre pays, la structure mise en place a été confiée à Adrien Sekali, qui a démissionné de son poste de directeur de la Maison Verte (Mission populaire évangélique) pour mieux se consacrer à sa mission.
En région parisienne, c’est la paroisse des Batignolles qui reçoit les réfugiés – sans distinction de religion – et gère l’urgence : trouver un logement, parfois payer des nuits d’hôtel en attendant une solution meilleure. Il faut accueillir, aider à démêler les complexités administratives, inscrire les enfants dans une école, trouver du travail… la tâche est immense.
170 personnes ont déjà été accueillies en France, grâce aux donateurs qui ont répondu à l’appel de la FEP. Outre l’argent, l’appel aux dons concerne aussi ceux qui peuvent mettre un appartement à disposition, ont du temps pour du soutien scolaire ou tout autre aide concrète. Pour créer un lien et trouver des fonds, des réfugiés donneront un concert le 6 avril prochain au temple des Batignolles, où un large public est convié (voir en P38 des chroniques locales).

Croire

Pour les familles qui ont décidé de tout quitter pour venir en France, la première motivation est de protéger les enfants et de leur donner un avenir. Ceux qui arrivent ont la nostalgie, bien sûr, de leur pays mais ils veulent s’intégrer, que leurs enfants aillent à l’école et deviennent Français. Bien peu espèrent revenir dans leurs pays d’origine et passé les premiers mois, les contacts avec amis et famille restés sur place se distendent. Les chrétiens, quand ils le peuvent, fréquentent les églises orientales, chaldéenne (Sarcelles) et syriaque (Montfermeil) ou Saint-Julien-le-Pauvre à Paris. Les familles qui arrivent tiennent à leur foi, leurs traditions et tâchent de les maintenir ; ils se rendent dans les églises et les temples s’ils sont accueillis.
Pâques ? Dans les Églises orientales, c’est la fête la plus importante de l’année. Les familles se retrouvent, vont à l’église et les enfants reçoivent des cadeaux : pâtisseries et jouets dans les familles aisées, vêtements pour les autres. Quand il y a eu un décès dans la famille, ce qui n’est hélas pas rare chez les réfugiés, la première fête religieuse qui suit n’est pas marquée, pour vivre le deuil.

L’exode massif des chrétiens fait craindre la disparition de ces Églises primitives, qui représentent presque 2 000 ans de tradition. C’est une perte pour tout le Moyen-Orient et le christianisme en général, même si de nombreuses associations se battent pour aider les minorités chrétiennes et yézidies à se maintenir sur leurs terres ancestrales. Mais comment reprocher à ces familles de vouloir élever leurs enfants dans un pays où ils n’ont plus à craindre pour leur vie et leur liberté de culte ?