Rien de neuf en matière de mobilisation de l’appareil de sécurité publique. Surtout le 4 juin. Cette année, cela fait trente-cinq ans que les événements de la place Tiananmen se sont produits. Pourtant, les Chinois ont toujours l’interdiction de les commémorer, comme l’explique RFI. D’ailleurs, ce jour-là, la censure et la surveillance des lieux de souvenir sont immuablement renforcées. Même aux entrées du grand cimetière de Wan’nan, au nord-ouest de Pékin, des policiers sont postés. Une employée du cimetière confirme que personne n’entre. Surtout pas “les mères de Tiananmen”. En Chine, voilà comment sont surnommées celles qui ont perdu leur enfant lors de la répression du Printemps de Pékin. La surveillance du site restera renforcée pendant au moins trois jours. Dans les allées du cimetière, d’autres agents et des fonctionnaires en civil font des rondes, comme “tous les ans”, décrit l’employée.
Surveillance particulière des universités
Le quartier des universités fait également l’objet d’une surveillance particulière, à l’approche de la date anniversaire des événements de la place Tiananmen. Des consignes ont été données par certains enseignants, indique une étudiante à la radio. “Notre professeur a tenu une réunion, il y a peu, nous avertissant de ne pas causer de problème ces prochains jours. Il y a aussi probablement plus de gardiens sur le campus”, détaille la jeune femme, qui fait partie des rares étudiants à oser parler de ce sujet.
Quid des réseaux sociaux ? Les posts sont scrutés plus encore qu’à l’accoutumée. Les mots-clés pouvant être associés au printemps chinois font aussitôt les frais de la censure. Le surnom de “35 mai” n’est bien entendu pas épargné. Un nombre qui fait directement référence aux années écoulées depuis la répression sanglante du mouvement de protestation en faveur de la démocratie.
Crise profonde
Pendant cinquante jours, le Parti communiste chinois a traversé sa crise la plus profonde à cause du mouvement pro-démocratie de Tiananmen lancé par les étudiants. Celui-ci était nourri par l’inflation, le ras-le-bol de la corruption et la division du parti unique au pouvoir entre conservateurs et réformateurs. Mais c’est un décès qui a provoqué les manifestations : celui de Hu Yaobang, le 15 avril. Figure des réformateurs du Parti communiste chinois, il avait été limogé en janvier 1987, après avoir été accusé de faiblesse face à des manifestations étudiantes. S’ensuivirent plusieurs semaines d’agitation dans les rues des villes chinoises et l’occupation par des milliers d’étudiants de la place Tiananmen, en plein cœur de Pékin. Alors que le mouvement s’essoufflait, un éditorial publié le 26 avril par Le Quotidien du peuple l’a ranimé, raconte Le Monde.
Aujourd’hui encore, comme le souligne Amnesty International, le droit de manifester reste encore très limité en Chine. Pour les autorités, les manifestations perturbent l’ordre public. Et depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, les restrictions se sont encore renforcées.