Le phénomène gagne en ampleur ailleurs et pourrait se renforcer en France, selon le degré de réussite ou d’échec de la présidence actuelle. Ces mouvements populistes s’appuient, à divers degrés, sur un sentiment anti-élites, un nationalisme assumé et le refus du pluralisme dans la société. Certains se demandent si l’époque actuelle ne ressemble pas aux années 1930 avec, alors, la montée des nationalismes et la recherche de boucs émissaires, sur fond de difficultés économiques.
Le sociologue Sébastien Fath, spécialiste de l’évangélisme et de la laïcité, plaide pour que l’on comprenne le moment : les citoyens en ont assez du décalage entre paroles et actes des politiques ; le sentiment ou la réalité d’exclusion économique de beaucoup doit être pris(e) au sérieux.
Comprendre certes, s’exprimer aussi. Dans un poème devenu célèbre, le pasteur allemand Martin Niemöller a critiqué l’apathie devant le nazisme à l’époque : « Quand ils sont venus chercher les communistes, les syndicalistes, les juifs, je n’ai rien dit, je n’étais ni communiste ni syndicaliste ni juif. » Etc. Sans verser dans le catastrophisme, faisons entendre nos voix pour défendre ceux que les pouvoirs en place veulent rejeter. […]