Cancérologue pédiatre, j’ai commencé ma carrière à une époque où l’on guérissait 40 % des enfants atteints de cancer dans les pays développés. Aujourd’hui, le taux de guérison approche de 90 %. D’ici 2050, dans le monde, il y aura dix-sept millions d’enfants atteints de cancer. Pour six millions d’entre eux, le diagnostic sera trop tardif. Onze millions de ces enfants, soit 85 % d’entre eux, vont mourir. 

On sait que neuf millions et demi de ceux qui vont mourir du cancer vivent dans des pays en voie de développement, où le diagnostic est tardif et les rares centres spécialisés loin de chez eux. En outre, ces derniers sont payants, ce qui les rend totalement inaccessibles à la population. 

Pour arriver jusqu’à 100 % de guérison dans nos pays riches, des millions sont investis… Ne devons-nous pas lutter au niveau mondial contre ces inégalités ? 

Un article récent paru dans The Lancet montre que si l’on investit dans ces pays 500 milliards pour dix-sept millions d’enfants, le retour sur investissement serait de 2000 milliards… En d’autres termes, pour un euro (ou un dollar) investi dans ces pays, le retour en termes d’années de vie, productivité, impôts serait de trois euros. L’institut Curie investit dans vingt-deux pays africains francophones au moment où la France y est remise en cause. Faut-il vendre des armes ou bien de l’espoir pour se sentir citoyens du monde et participer à un noble combat ?

Thierry Philip, professeur de cancérologie, pour « L’œil de Réforme »

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