L’arrivée de réfugiés syriens et irakiens à l’aéroport de Roissy, le soir du jeudi 3 octobre, était doublement symbolique : non seulement parce qu’avec ce dix-neuvième accueil organisé dans le cadre des couloirs humanitaires, on approche des 400 personnes accueillies en France grâce à ce dispositif ; mais aussi parce que cette arrivée coïncidait avec le sixième anniversaire du naufrage de Lampedusa, une catastrophe qui avait vu la mort de 366 migrants.
Le 3 octobre 2013, une embarcation provenant de Libye et transportant environ 500 migrants, principalement des Somaliens et des Érythréens, faisait naufrage près de Lampedusa, à proximité de la Sicile. La catastrophe provoquait 366 morts, faisant de ce naufrage la deuxième plus grande tragédie en Méditerranée depuis le début du XXIème siècle. Seules cent 55 personnes avaient pu être secourues. «C’est un drame européen, pas seulement italien», déclarait alors le ministre italien de l’Intérieur de l’époque, Angelino Alfano. Trois semaines plus tard, le Conseil européen se prononçait en faveur du renforcement du rôle de Frontex, l’agence de surveillance des frontières extérieures de l’Europe, et annonçait la mise en place d’une « task force pour la Méditerranée » pour éviter de nouveaux drames.
Six ans plus tard, la situation ne s’est pas améliorée, bien au contraire. Au moment du drame de Lampedusa, les organisations internationales estimaient à 20 000 le nombre de victimes de l’émigration vers l’Europe en vingt ans. Aujourd’hui, c’est plus de 34 000. Un scandale d’une telle ampleur […]