Trump a-t-il réellement été élu « contre toute logique » ? Notre perception des États-Unis demeure très dépendante des journalistes vivant sur la côte Est au contact de leurs confrères des grands journaux à rayonnement international. Ceux-ci ont voté majoritairement Harris. Mais ce microcosme reste loin du quotidien de la majorité des citoyens américains.

Au cours de ma carrière, j’ai eu l’opportunité de croiser des collègues américains de toutes régions, des habitants du Texas, de la Californie mais aussi des grandes plaines. Dans les conversations reviennent l’horreur des « taxes » (les impôts directs ou indirects), la confiance en soi pour réussir, avec l’aide de Dieu (!), l’horreur des réglementations qui limitent la possibilité de faire ce que l’on souhaite. Ces personnes, cadres moyens, loin des cols blancs de la finance et même de leurs collègues des sièges sociaux sur la côte Est (qui eux aussi leur imposent des procédures !), réclament de pouvoir mener leur vie et leur activité professionnelle comme ils l’entendent, sans être bridés. Et ainsi, pensent-ils, faire plus d’argent pour eux et pour la compagnie qui les emploie.

Les problèmes de société sont souvent bien loin de leurs pensées. Certes, ils se soumettent à tous les audits et autres critères d’obtention de labels écologiques, sociaux ou autres, mais souvent sans grande conviction, sinon celle que cela pourrait contribuer à leur réussite financière. De quoi rêvent-ils au juste ? D’un nouvel « âge d’or » de l’esprit cow-boy : être soi-même responsable de sa vie, sans que personne, et surtout pas l’État fédéral, ne vienne s’interposer là-dedans. Et c’est ce que Trump promet.

 Jean-Louis Py, ingénieur, pour « L’œil de Réforme »

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