Dès le XVIe siècle, les idées de la Réforme se répandent rapidement en Transylvanie, et peu savent que le premier édit de tolérance religieuse de l’Europe a été signé lors de la Diète de Torda en 1568, reconnaissant quatre confessions : catholique, luthérienne, réformée et unitarienne. Au cours de l’histoire, de l’invasion turque jusqu’à la dictature de Ceausescu, l’Église réformée a été en quelque sorte le berceau et le gardien de la langue et de la culture hongroises. C’est d’ailleurs le pasteur Tôkés Làszlò qui, en 1989, a initié la révolution qui fit tomber Ceausescu, et a apporté enfin la reconnaissance par l’État de cette Église calviniste. Aujourd’hui, encore 95 % des paroissiens sont magyarophones. Elle est organisée selon le principe presbytérien synodal, mais avec un aspect épiscopalien caractéristique des Églises réformées magyarophones d’Europe centrale. La hiérarchie et l’existence d’évêques réformés peuvent surprendre. Aujourd’hui, elle compte un peu plus de 600 000 fidèles, soit 3 % de la population de Roumanie.

Guérir du passé

Les traumatismes subis par la communauté hongroise de Transylvanie durant la dictature de Ceausescu (déportation des pasteurs, humiliation et persécution des minorités hongroises) sont encore présents dans les esprits et difficiles à dépasser pour l’Église qui, entre mouvements de réveil piétistes et engagement politique, cherche à rester fidèle au message de l’Évangile. C’est dans cet esprit qu’une initiative est née, il y a dix ans, au sein d’une paroisse de Cluj-Napoca avec le pasteur Visky Péter : dans l’esprit du partage de la bonne nouvelle de l’Évangile, proposer la traduction simultanée en roumain des cultes célébrés en langue hongroise. Initiative unique, puisque officiellement il n’y a pas de politique d’évangélisation envers la population roumaine ; l’Église réformée étant appelée à se renouveler de l’intérieur. Inutile de mentionner la valeur symbolique de ces cultes traduits en langue roumaine puis en anglais pour inviter aussi les nombreux étudiants étrangers à vivre ensemble le culte : l’envie de dépasser le passé historique douloureux et poser les bases d’une fraternité réelle et vécue. Les jeunes font aussi bouger les lignes en proposant des cultes dits alternatifs. Certes, ce sont des propositions encore timides, mais bien concrètes pour vivre le culte autrement, et l’ouvrir au-delà de la barrière linguistique. Dans une autre direction, des formations Young Children and Worship sont organisées par l’Église pour apprendre à célébrer des cultes avec les tout petits.

Fêter la Réformation

L’Église réformée de Transylvanie se prépare activement à fêter l’anniversaire de la Réforme en 2017, avec les luthériens et les unitariens (la faculté de théologie de Cluj est gérée et dirigée conjointement avec l’Église unitarienne et les deux Églises luthériennes). De nombreuses conférences et rencontres invitent à se préparer pour cet événement ; certains même participent au running quotidien avec pasteurs, paroissiens et des personnes extérieures à l’Église, lancé sous le titre : 1 517 km jusqu’à 2017 – car la Réforme nous fait bouger ! Oui, décidément, l’Église réformée de Transylvanie est prête à bouger !