Depuis plusieurs années, dans l’entourage de Donald Trump, les partisans du « nationalisme chrétien » ont cherché à établir un parallèle entre la situation des États-Unis gouvernés par les Démocrates et le Troisième Reich. Au point de convoquer les figures éminentes de Dietrich Bonhoeffer et Martin Niemöller comme modèles de résistance pour leur propre combat.

C’est notamment le cas d’Éric Metaxas, auteur d’une biographie de Dietrich Bonhoeffer très diffusée à travers le monde, en versions anglaise, allemande et française. L’engagement du théologien allemand dans la conjuration visant à éliminer le Fürher lui semble être un exemple à suivre pour aujourd’hui. Et il n’hésite pas à justifier l’attaque du Capitole, en la comparant à la marche des Hébreux autour des murailles de Jéricho.

Cette instrumentalisation a été dénoncée par les plus éminents spécialistes de la vie et de l’œuvre de Dietrich Bonhoeffer, à travers l’International Bonhoeffer Society. Mais l’impact de leur contre-discours est bien inférieur à la force de frappe médiatique des lobbies du « nationalisme chrétien ». Les réseaux sociaux sont des relais redoutablement efficaces pour cette idéologie délétère, qui n’a pas pesé d’un faible poids dans le scrutin du 5 novembre dernier.

Frédéric Rognon, professeur de philosophie, pour « L’œil de Réforme »

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