Est-ce que l’Europe suscite en nous du désir ? Est-elle à votre « goût » ? Questions bien étranges ! Car enfin, l’Europe, c’est du sérieux ! Mais tout de même, si nous devons tous nous sentir appartenir à cette vaste entité, ce peuple patchwork, cette union militaro-juridico-financière souhaitant devenir « nation », il faudra bien que naissent des sentiments à son égard. D’où ces questions de goût et de désir.

Pour faire naître des sentiments, force est de constater que la première qualité, voire obligation, est l’ouverture. Cela nécessite d’ouvrir son cœur et son esprit pour que des idées, des envies, des frustrations, des sentiments soient partagés. Ainsi, lorsque notre foi en Dieu s’exprime, elle vient du fait que Dieu donne du goût à notre vie : sa grâce nous est donnée, et nous y répondons à livre ouvert, nous aimons Dieu. C’est la base même d’une croyance, comme fidélité et confiance dans la relation.

Alors, est-ce que l’Europe nous donne le sentiment de pouvoir susciter notre foi, en tant que peuple européen ? Celle-ci devrait nécessairement reposer d’abord sur l’image que souhaitent renvoyer ceux qui la dirigent. Observons donc concrètement le lieu où ils se réunissent et décident.

La revue Le Grand Continentdans son numéro de mars dernier, nous le décrit : « Observer le bâtiment Europa implique d’être saisi par un paradoxe. Ce cube de verre est une structure ouverte. […] [mais] le bâtiment qui accueille le Conseil européen est conçu pour révéler une sphère parfaitement fermée. Une urne géante, une sorte d’œuf, lovée dans un écrin de bois. Totalement hermétique. La salle où se réunissent régulièrement les chefs d’État ou de gouvernement n’a pas de fenêtres. Nous regardons un espace clos. Et cet espace ne peut pas regarder dehors. » Tout est dit…

Emmanuel Argaud, pasteur, pour « L’œil de Réforme »

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