Pour le candidat à l’investiture suprême, la réponse ne fait aucun doute. Il l’a affirmé : « C’est Dieu seul qui a empêché l’impensable. » Le pense-t-il vraiment ? Personne n’est dans son cœur et nul ne le saura jamais, car il est un adepte de la post-vérité, idée selon laquelle les faits objectifs ont moins d’influence pour modeler l’opinion que les appels à l’émotion. La qualité première d’un argument n’est pas son exactitude, mais l’effet qu’il provoque chez ses auditeurs. Ce que Donald Trump a tout de suite compris avec un instinct politique qu’on ne peut lui dénier, c’est qu’il a tout intérêt à prendre la posture du miraculé, car si Dieu est avec lui, alors ceux qui s’opposent à lui sont des impies.
La question est posée au théologien : quand on a été épargné par un accident ou qu’on a frôlé la mort, faut-il y voir la marque d’une intervention divine ? Nous pouvons apporter deux réponses à cette interrogation. La première est qu’on peut tout aussi bien voir l’action de Dieu dans le fait de ne pas avoir frôlé la mort. On prête à Blaise Pascal l’anecdote suivante. Alors qu’il était enfant, il s’est adressé à son père : « Dieu m’a protégé aujourd’hui. J’étais sur mon cheval lorsqu’il a trébuché. Nous sommes tombés, et je n’ai pas été blessé. » Son père a répondu : « Dieu m’a protégé encore plus que toi. Aujourd’hui, j’ai fait une longue course sur mon cheval, et je ne suis pas tombé. » Si on cherche un signe […]