Dans un récent numéro de Réforme, Isabelle Gerber nous rappelait un propos de Ricœur : « Les institutions sont comme des vaisseaux pour que l’Homme ne se noie pas ». Les Américains, eux, brûlent leurs vaisseaux pour mieux se noyer. Ce délire a connu son paroxysme avec l’attaque du Capitole le 6 janvier 2021 par les trumpistes déçus et se poursuit par la non remise en cause d’un système électoral absurde, l’indigence des arguments de campagne développés de tous bords ad nauseam et par la composition de la Cour suprême, qui ne reste suprême que pour des idées partisanes.
Pourtant l’Amérique reste puissante. Le paradoxe est qu’elle semble, sur les plans moral et sociétal, régresser (baisse de l’espérance de vie, inégalités croissantes, obésité galopante, discriminations en tous genres) mais reste pourtant le géant économique de la planète, le géant du savoir, avec sa pluie de prix Nobel, et le gendarme du monde, qui demeure pourtant de plus en plus dans sa caserne.
Puissance et détresse morale peuvent-elles cohabiter ?
L’histoire montre que non ; les empires ont toujours chuté d’abord pour des raisons morales.
Un ancien Premier ministre me disait que le seul avantage de l’élection de Trump serait le sursaut nécessaire de notre vieille Europe qui, désormais seule mais unie, sera le nouveau pilier d’un monde libre, abandonné par les États désunis.
« In God we trust »… en référence à la devise de nos amis américains perdus.
Alain Penchinat, entrepreneur, pour « L’œil de Réforme »