Par le pasteur Jean-Paul Nunez
Nous assistons à une succession de scènes d’horreur en France, certes, mais aussi ailleurs. Tout ce qui peut être dit est bien en dessous de l’émotion provoquée. Désormais la terreur peut surgir de l’ordinaire.
N’importe qui, sans aucun profil type, comme l’a parfaitement décrit le procureur François Molins, suite à l’acte barbare dans l’église normande, peut ériger en arme de guerre n’importe quel objet et transformer n’importe quel lieu paisible en scène de tragédie. C’est une manière de déstabiliser à la fois les citoyens et ceux qui les gouvernent. Cela conduit toujours à des stratégies autoritaires sous couvert d’une nécessaire sécurité, à des réactions violentes qui s’avéreront racistes et à la pire des catastrophes sur le plan de la cohésion humaine. Daech ne souhaite pas autre chose même s’il ne peut absolument pas prévoir ce qui sortira de toutes ces horreurs de déstabilisation. Mais peut leur importe car comme l’a si bien expliqué l’historien Yuval Noah Harari :« un terroriste ressemble à une mouche qui veut détruire un magasin de porcelaine. Petite, faible, la mouche est incapable de déplacer ne serait-ce qu’une simple tasse. Alors, elle trouve un éléphant, pénètre dans son oreille et bourdonne jusqu’à ce que, enragé, fou de peur et de colère, ce dernier saccage la boutique. » Effectivement depuis quinze ans les Etats-Unis et leurs alliés, dont la France, n’ont cessé de détruire le magasin de porcelaine du Proche-Orient…
Depuis lors toute cette zone, et bien plus, est devenu le terreau fertile du terrorisme d’aujourd’hui et ce au nom de l’islam. C’est en ce nom là que s’exerce toute cette stratégie nihiliste avec son lot d’attentats meurtriers et toujours plus abjects. Ce point particulier heurte tous ceux qui ont comme religion séculière et comme valeurs les droits de l’homme et la défense des minorités. Alors, il est parfaitement compréhensible de les voir s’évertuer à prouver que le « vrai islam » n’est pas cela. Il n’empêche que, comme l’a si bien dit l’écrivain Abdelwahab Meddeb, cet islamisme là est une maladie née dans le corps de l’autre : « L’islamisme est la maladie de l’islam, mais les germes sont dans le texte » et il rajoutait (en 2006) : « l’islamisme est un fascisme. Moins que jamais il faut se taire ».
Alors s’il est nécessaire de dire que notre ennemi n’est pas l’islam en soi, force est de constater que c’est bien à l’intérieur de celui-ci que ce « fascisme » se développe, se cache, s’abrite. Ce n’est pas en taisant cette vérité que nous protégerons les musulmans du risque qui pèse sur eux. […]