La situation des chrétiens persécutés en Irak et en Syrie est désastreuse. Suite à l’appel du comité des urgences du protestantisme, des Alsaciens ont proposé leur aide. Vingt personnes viennent de trouver refuge dans notre région.
Achour est arrivé de Mossoul, la grande ville de la plaine de Ninive, suite à la profanation de la cathédrale par les djihadistes. Depuis, Daesch a dévasté son cimetière et l’a transformée en mosquée. « C’est devenu trop dangereux, les chrétiens fuient sur les routes de l’exil, explique Achour qui travaille aujourd’hui comme cuisinier à l’Étage, une association protestante d’accueil et d’hébergement pour les jeunes en situation de rupture. Mon frère est arrivé il y a un mois et demi, il est enfin en sécurité. Mais la famille de ma femme est encore là-bas, nous sommes inquiets. »
C’est la Fédération de l’entraide protestante (FEP) qui a été chargée de coordonner l’accueil des réfugiés d’Irak et de Syrie. Grâce à un réseau de correspondants au sein des Églises orientales et des ONG sur place, la FEP identifie en priorité les personnes les plus vulnérables. Depuis le mois de février, elle gère les dossiers en direct avec les consulats d’Erbil, de Mossoul et de Bagdad. Jean-Michel Hitter, président de la FEP, a accueilli mi-mai à Strasbourg une famille de huit yézidis. « Ils sont encore plus persécutés que les chrétiens car les islamistes considèrent qu’ils sont des adorateurs du diable, explique-t-il. Ils décapitent les hommes et vendent les femmes et les enfants. » Ces agriculteurs du nord de l’Irak sont arrivés épuisés et complètement désorientés. Un des enfants est blessé, il a une balafre sur la joue et une balle dans le genou. La mère a besoin de soins réguliers. Ils ont été installés dans un appartement mis à disposition par l’intermédiaire de la FEP Grand-Est. Le lendemain de leur arrivée, des voisins interpelaient la police pour demander « qui sont ces gitans qui se reposent dans le jardin d’à côté ». Jean-Michel Hitter, qui en a vu d’autres, ne se décourage pas. « Le gouvernement s’était engagé à accorder des visas si nous lui donnions la garantie que ces familles pourraient être hébergées et accompagnées par des familles ou des associations protestantes, confie-t-il. Je dois dire qu’il tient parole. Mes interlocuteurs à la Préfecture, à l’Office français de l’immigration et de l’intégration ou même au service asile du Ministère de l’intérieur, sont disponibles et efficaces. »
Accompagnement matériel et humain
Une famille de 12 personnes, des chrétiens de Karakosh, est arrivée quelques jours après les yézidis. Une vingtaine de réfugiés d’origine kurde est attendue. Depuis l’appel, une famille d’Obermodern a mis à disposition un étage de sa maison. Un couple de Bergholtz a proposé un appartement. Un Syrien a été accueilli à Griesheim-sur-Souffel. Des protestants d’Offwiller sont disponibles pour recevoir ces exilés le temps d’un week-end. Dans le secteur de Molsheim-Mutzig, des familles irakiennes ont été invitées à parler de leur vécu. Elles sont accueillies de temps en temps, une dynamique se met en place, des liens se tissent.
Photo : ONG Medair