Lundi 13 mai, à Tbilissi en Géorgie, environ un millier de manifestants, principalement des jeunes, se sont de nouveau réunis devant le Parlement géorgien selon le Nouvel Obs. Cette mobilisation survient dans un contexte agité depuis plusieurs semaines, marqué par des rassemblements massifs contre une loi sur l’« influence étrangère ». Cette législation est accusée de détourner la Géorgie de son orientation européenne pour la tourner vers Moscou. Malgré la controverse, le parti au pouvoir, Rêve géorgien, est résolu à faire adopter cette loi par le Parlement lors d’un vote prévu mardi, après qu’elle a été approuvée en commission juridique ce lundi. 

Lundi, les jeunes manifestants exprimaient leur indignation à l’égard du projet de loi, affirmant qu’il compromet les aspirations européennes de leur pays et met en danger la démocratie. « Cette loi signifie que nous ne pourrons pas rejoindre l’Europe », s’inquiétait Mariam Kalandadzé, 22 ans. « C’est quelque chose que j’ai toujours souhaité. » Les rassemblements se déroulent dans un climat tendu, les autorités ayant averti qu’elles interviendraient contre ceux qui bloquent le Parlement. « Si cette loi est adoptée, nous allons peu à peu devenir comme la Russie« , prévenait de son côté Archil Svanidzé, 26 ans. 

Vers un véto de la présidente 

Si la loi est adoptée, elle imposera à toute organisation non gouvernementale ou média recevant plus de 20 % de son financement de l’étranger de s’enregistrer en tant qu’« organisation poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère ». Le gouvernement affirme que cette mesure vise à garantir que ces organisations soient plus transparentes quant à leurs sources de financement. Cette loi, qui a déjà passé deux lectures, nécessite un troisième vote pour être définitivement adoptée. 

La présidente Salomé Zourabichvili, connue pour ses positions pro-européennes et en conflit ouvert avec le gouvernement, devrait exercer son véto, mais le parti Rêve géorgien affirme disposer du soutien nécessaire pour passer outre. Ce projet de loi avait déjà été tenté par le parti au pouvoir en 2023, mais avait dû être abandonné en raison des manifestations massives qu’il avait suscitées. Sa réapparition devant les députés au début d’avril a pris de court et a déclenché de nouvelles manifestations, certaines étant violemment réprimées. 

Un dirigeant soupçonné d’affinités avec la Russie 

Bidzina Ivanichvili, homme d’affaires extrêmement riche et perçu comme le véritable dirigeant dans l’ombre de la Géorgie, considère les ONG comme des ennemis intérieurs au service de puissances étrangères. Lors d’un récent discours, il a critiqué cette « pseudo-élite » et a vivement attaqué l’Occident, le décrivant comme le « parti mondial de la guerre ». 

Ancien Premier ministre de 2012 à 2013, et aujourd’hui président honoraire du parti « Rêve géorgien », Ivanichvili est accusé d’avoir des liens étroits avec la Russie, le pays où il a accumulé sa fortune. Par exemple, il n’a jamais publiquement condamné l’invasion de l’Ukraine, alors même que son propre pays avait été brièvement envahi par la Russie lors d’un conflit en 2008. 

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