Une guerre fratricide et impériale

Vladimir Poutine a déclenché une guerre fratricide contre les Ukrainiens, perçus comme des « petits frères » des Russes. Cette guerre vise à satisfaire la volonté de puissance du président russe et à imposer sa loi en Europe. Jean François Colosimo souligne que l’absence d’un « Nuremberg du communisme » a permis à cette idéologie mortifère de se reconstruire autour de la Russie. « Poutine représente une tentative de reconstruction impériale de type communiste, » affirme Jean François Colosimo ,ajoutant que le régime actuel est unique, combinant le pouvoir des services secrets avec un contrôle total sur l’État, l’économie, la société et la religion.

L’Occident face à une Russie en guerre

Jean-François Colosimo critique la faiblesse perçue de l’Occident qui, selon lui, a encouragé Vladimir Poutine à agir. Il fait référence à plusieurs événements géopolitiques, notamment l’attaque de l’Arménie par Erdogan, la sortie de Angela Merkel, et les crises politiques en Occident, comme autant de signes de faiblesse exploitée par Poutine. « L’Occident était dans une situation de faiblesse, » souligne Colosimo, expliquant que Poutine a vu une opportunité d’imposer sa loi au cœur de l’Europe.

Il met en garde contre la possibilité d’escalade, évoquant la menace de frappes nucléaires tactiques ou d’attaques chimiques. Colosimo insiste sur le fait que cette guerre est une guerre contre l’Occident, motivée par une doctrine militaire et diplomatique russe qui voit l’Occident comme une menace existentielle.

L’échec stratégique de Poutine

Colosimo affirme que Poutine a déjà perdu la guerre sur plusieurs fronts. « Jamais le sentiment national ukrainien n’a été aussi fort, » déclare-t-il, notant que l’Ukraine a tourné le dos à Moscou de manière définitive. Poutine a sous-estimé la résistance ukrainienne et la réaction internationale. « L’OTAN, que Poutine considérait en coma dépassé, enregistre maintenant des candidatures, » observe Jean François Colosimo, ajoutant que l’Europe, perçue comme indécise et désarmée, participe désormais activement à la guerre en fournissant des armes et du renseignement.

Il décrit la résistance ukrainienne comme « fantastique » et souligne que cette guerre insensée a finalement renforcé l’unité et la détermination des Ukrainiens. « Poutine entraîne la Russie dans un suicide collectif, » avertit Jean François Colosimo, précisant que cette guerre pourrait avoir des conséquences dévastatrices non seulement pour l’Ukraine, mais aussi pour la Russie et le monde entier.

Une résurgence de la logique totalitaire

Le théologien orthodoxe met en lumière la ressemblance entre la rhétorique de Poutine et celle des régimes totalitaires du XXe siècle. Il rappelle un discours récent de Vladimir Poutine où il appelle à « cracher de sa bouche les nationaux traîtres comme on crache des moucherons, » une rhétorique qui rappelle les purges staliniennes. « Nous sommes face à une forme de résurgence de la logique totalitaire, » avertit-il, soulignant la gravité de la situation.

En définitive, la guerre en Ukraine n’est pas seulement une crise régionale, mais un conflit aux implications globales. « C’est une guerre contre l’Occident, » affirme-t-il, appelant à une réponse forte et unie pour contrer cette menace. La situation actuelle, selon lui, nécessite une prise de conscience internationale et une action concertée pour préserver la paix et la stabilité mondiale.

Coproduction : Fondation Bersier – Regards protestants / Réforme – reforme.net
Entretien mené par : Jean-Luc Mouton
Réalisation : Anne-Valérie Gaillard

Pour aller plus loin :
Jean-François Colosimo : “Poutine et Kirill sont des fantômes du stalinisme” – Réforme : https://www.reforme.net/actualite/2022/03/30/jean-francois-colosimo-poutine-et-kirill-sont-des-fantomes-du-stalinisme/