La place de la foi dans l’armée française

Le général de l’armée française Jean-Fred Berger , ayant travaillé pour l’OTAN et étant un protestant chrétien engagé, évoque le rôle unique de la foi dans un contexte militaire.

En France, un pays marqué par la catholicité, le protestantisme et la laïcité, la foi joue un rôle particulier dans l’armée. Contrairement à certains pays où les armes sont bénies, le général souligne que cela n’a jamais été le cas dans l’armée française. « Je confie en tant que chrétien cette situation à un Dieu tout-puissant qui aime la création, qui aime cette population, qui aime même les hommes et les femmes qui combattent, » dit-il, soulignant la complexité d’intégrer la foi personnelle dans des décisions militaires souvent difficiles.

L’aumônerie militaire protestante, qu’il connaît bien, est particulièrement remarquable pour son soutien aux soldats, surtout en opérations. Les aumôniers sont présents sous les bombardements, accompagnant les blessés et les familles des tués. Ils jouent également un rôle crucial de conseil au commandement, souvent consultés par des chefs militaires confrontés à des dilemmes existentiels.

La guerre et la justice : une vision chrétienne

Pour le général Jean-Fred Berger , la guerre appartient au domaine du péché. Il faut selon lui, rejeter l’idée de guerre juste, citant Luther : « La guerre est du domaine du péché, voilà tout. » Il considère la guerre comme une catastrophe parmi d’autres comme le vol ou les incendies. « Il faut réussir à la dominer, à la canaliser et à l’arrêter, » déclare le général, mettant en avant l’importance de viser la paix malgré les réalités du monde.

Il admire particulièrement les résistants, comme les compagnons de la Libération, et partage l’exemple de son oncle, chef éclaireur, qui a tenté de rejoindre le général de Gaulle en 1940. Cet engagement personnel pour la justice, à la fois humaine et divine, reste une source d’inspiration pour lui.

Prière et respect pour l’ennemi

Dans son service, il a souvent prié pour ses hommes, les populations civiles et même ses ennemis, y compris les talibans lorsqu’il était à Kaboul. « On doit ne pas haïr son ennemi, » affirme-t-il. Il souligne l’importance de traiter les ennemis avec respect, de soigner les blessés et de ne pas maltraiter les prisonniers. « On a un devoir d’humanité en toutes circonstances. »

Cette approche, bien que façonnée par sa foi, n’altère pas son engagement militaire. Elle ajoute une dimension morale à ses actions, reflétant une conviction profonde dans la dignité et la valeur de chaque individu, même en temps de guerre. Sa perspective unique montre comment la foi peut coexister avec le devoir militaire, en offrant une boussole morale dans les moments les plus difficiles.

Coproduction : Fondation Bersier – Regards protestants / Réforme – reforme.net
Entretien mené par : Jean-Luc Mouton
Réalisation : Anne-Valérie Gaillard

Pour aller plus loin :
Frédéric Rognon : « Toute guerre est injuste, mais certaines guerres sont nécessaires » – Réforme : https://www.reforme.net/actualite/2022/07/20/frederic-rognon-%e2%80%84toute-guerre-est-injuste-mais-certaines-guerres-sont-necessaires%e2%80%84/