En Haïti, la violence est toujours présente et les tensions sont à leur comble. Dans la semaine du 11 novembre, au moins 150 personnes sont mortes à Port-au-Prince, a indiqué le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk et environ 20 000 personnes ont fui leur domicile à cette même période. L’assassinat du président Jovenel Moïse, en juillet 2021, a plongé le pays dans l’instabilité. Les gangs contrôlent plus de 80% de la capitale et ses principales voies d’accès. Les meurtres, les viols, les pillages et les enlèvements contre rançon sont le quotidien de nombreux Haïtiens explique Libération. Mercredi 20 novembre, l’ONG Médecins sans frontières a annoncé qu’elle suspendait ses activités dans la capitale, à cause des menaces de la police.

En février 2024, les différents gangs ont décidé de s’unir dans un collectif placé sous l’autorité de Barbecue, un chef de guerre dont la première revendication était le départ du Premier ministre, Ariel Henry. Pour le remplacer, Garry Conille avait été désigné nouveau Premier ministre en juin 2024. Mais il a été limogé le 10 novembre par le Conseil et remplacé dès le lendemain par l’homme d’affaires Alix Didier Fils-Aimé. Jeudi 21 novembre, en marge du G20 au Brésil, Emmanuel Macron a été interpellé sur la « dette coloniale », qu’Haïti a payée à son ancien colonisateur pendant 150 ans comme prix de son indépendance. « C’est les Haïtiens qui ont tué Haïti en laissant le narcotrafic », a répondu le président français qui a ensuite parlé de ce remplacement. « Le Premier ministre était super, je l’ai défendu, ils l’ont viré. C’est terrible », a-t-il constaté.

L’ambassadeur de France en Haïti a été convoqué

Il a ensuite ajouté : « Ils sont complètement cons, ils n’auraient jamais dû le sortir. Le Premier ministre était formidable ». En réponse, le ministère des Affaires étrangères d’Haïti a annoncé jeudi avoir convoqué l’ambassadeur de France après des « propos jugés inacceptables » de la part du président. Dans un communiqué officiel, Port-au-Prince a exprimé « l’indignation du Pouvoir de Transition face à ce qu’il considère comme un geste inamical et inapproprié qui mérite d’être rectifié », rapporte Le Parisien. Par ailleurs, une lettre de protestation adressée au ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a été remise à l’ambassadeur Antoine Michon. Celui-ci a reconnu auprès de la population haïtienne qu’il s’agissait de « propos malheureux ».

Après cette crise, Emmanuel Macron a affirmé : « La France continuera d’apporter son soutien au peuple haïtien et de soutenir toutes les initiatives visant à rétablir la sécurité et recréer un chemin vers une situation politique stable. Les Haïtiens le méritent ». La décision de démettre Garry Conille est arrivée alors que le Conseil présidentiel de transition haïtien souhaitait changer les responsables des ministères de la Justice, des Finances, de la Défense et de la Santé contre son avis. Son remplaçant, Alix Didier Fils-Aimé, a promis de rétablir la sécurité et d’organiser les premières élections depuis 2016.

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