Géomorphologue devenu ethno-historien, Jean Malaurie s’est éteint le 5 février à l’âge de 101 ans. C’est en 1950, alors qu’il étudiait les roches en Arctique, que cet humaniste a pris conscience que les Inuits risquaient de disparaître. Le cinéaste Michel Viotte, qui l’a beaucoup filmé, témoigne : « C’était un homme très chaleureux, mais il fallait aussi gagner sa confiance, parce qu’il s’estimait en mission, ne parlant pas pour lui mais pour tous les peuples du Grand Nord. Ce n’était pas de l’ego, mais la conscience de la responsabilité morale et politique dont il se sentait investi. »
Jean Malaurie ne s’est pas seulement battu contre l’occupation militaire et l’exploitation des ressources naturelles de la région. Catholique élevé dans un milieu très strict, il a vécu une véritable conversion. « Auprès des Inuits, il a eu la révélation du chamanisme, rappelle Michel Viotte. Fasciné par la capacité de ces peuples à survivre dans de telles conditions, il considérait que leur pensée, leurs actes étaient dictés par des forces issues de leur environnement. Lui-même était une force de la nature. Il s’est senti naître une seconde fois auprès […]