Sauf retournement de situation, par ailleurs possible dans un pays accoutumé à la fraude, elle devrait être la prochaine présidente du Honduras. Dès le soir du dimanche 28 novembre, la population a en effet acclamé Xiomara Castro, sans attendre les résultats définitifs, raconte Libération. Lundi matin, plus de la moitié des bulletins de vote étaient comptabilisés et la candidate de gauche devançait son rival, le conservateur Nasry Asfura, à 53,6% des voix contre 33,9%.
L’épouse de l’ancien président Manuel Zelaya, qui avait été renversé il y a douze ans par un coup d’État, prendra vraisemblablement la tête de ce petit État d’Amérique centrale, peuplé de 9,5 millions d’habitants. Libération rappelle que Xiomara Castro, 62 ans, s’est imposée au fil du temps comme une défenseuse des pauvres, surmontant les critiques de ses opposants qui la qualifient de communiste et de marionnette de son mari. Candidate à la présidentielle en 2013 sous l’étiquette du parti Libre (Liberté et Refondation), elle avait été battue par Juan Orlando Hernández, alias JOH, du Parti national. Réélu sur le fil face à Salvador Nasralla (centre gauche) il y a quatre ans, JOH avait essuyé des accusations de fraude.
Ouvrir le mariage aux personnes du même sexe
La probable élection de Xiomara Castro mettra un terme au règne des conservateurs du Parti national. “Après une douzaine d’années de pouvoir du Parti national, marqué par la corruption généralisée et la violence criminelle, la majorité des Honduriens en ont assez et semblent vouloir un changement”, estimait Michael Shifter, président de Dialogue interaméricain, cité par Le Figaro, le jour de l’élection. Il faut dire que, depuis une dizaine d’années, le pays pâtit d’une image négative : en 2016, un activiste écologiste était assassiné en raison de son combat contre un projet de barrage hydroélectrique. Le Monde rappelle que le Honduras est l’un des pays les plus dangereux au monde, sans compter les zones de conflit : il détient un taux d’homicides de 27,6 pour 100.000 habitants.
Le Honduras est aussi tristement célèbre pour être le départ de gigantesques caravanes de migrants voulant échapper à la misère et se rendre aux États-Unis, via le Guatemala et le Mexique. Les catastrophes naturelles fin 2020 n’ont en rien arrangé les choses. De plus, le pays a été accusé par les États-Unis d’être un narco-État, où des hauts dirigeants, JOH inclus, auraient été peu ou prou liés à des réseaux de trafic de drogue. En somme, Xiomara a de multiples défis à relever. Probablement future première femme à présider le Honduras, elle prône un “socialisme démocratique à la hondurienne”, décrypte Libération. Elle souhaite en outre légaliser l’avortement thérapeutique et ouvrir le mariage aux personnes du même sexe. Mais, sur ces questions, elle se heurtera sans doute à l’opposition des milieux catholiques comme des évangéliques.