Une nouvelle journée noire à Hong Kong. Tôt le matin du mercredi 29 décembre, la police hongkongaise – 200 agents – a débarqué dans les locaux de Stand News, l’un des derniers médias indépendants de l’ex-colonie britannique, rapporte Le Monde. Après avoir pris connaissance du gel de ses actifs qui équivalent à 6,9 millions d’euros, le média en ligne a annoncé cesser ses activités, symbole de la reprise en main de la presse, naguère libre, de cette région administrative spéciale. De plus, au moins six dirigeants ou affiliés au site d’information ont été interpellés. La popstar et militante prodémocratie Denise Ho, qui avait démissionné du conseil d’administration en novembre, figure parmi les personnes arrêtées.

Pour enfoncer un peu plus le clou, les autorités hongkongaises ont annoncé que deux d’entre elles ont été mises en examen pour “sédition”, indique France Info. Dans un comuniqué, les forces de l’ordre ont précisé que la police de sécurité nationale avait “officiellement inculpé deux hommes âgés de 34 et 52 ans, et une société de média en ligne, pour ‘conspiration en vue de réaliser une publication séditieuse’”, sans pour autant fournir les identités des deux personnes.

D’après les médias locaux, il s’agirait du rédacteur en chef, Patrick Lam, et de son prédécesseur, Chung Pui-kuen. Fondé en 2014, le site de presse Stand News s’est notamment fait connaître en 2019 pour sa courageuse couverture des immenses manifestations pro-démocratie ayant secoué Hong Kong. Contraint aujourd’hui de mettre la clé sous la porte, il est accusé d’avoir publié des articles et des billets de blog “séditieux” via des “allégations malfaisantes sans aucune base factuelle” entre juillet 2020 et novembre 2021, dixit les autorités pro-Pékin.

“Le journalisme n’est pas de la sédition”

Il s’agit du deuxième média hongkongais à être réduit au silence. En juin dernier, l’irrévérencieux journal Apple Daily fermait brutalement et ses dirigeants, dont son fondateur, le magnat Jimmy Lai, aujourd’hui toujours sous les verrous, étaient également arrêtés. Depuis l’entrée en vigueur de la loi de sécurité nationale concoctée par Pékin, fin juin 2020, pour faire taire toute voix dissonante, la répression s’accroît : l’opposition est bâillonnée et la presse de plus en plus muselée. D’après Reporters sans frontières, Hong Kong est d’ailleurs passé de la 18e place en 2002 à la 80e cette année en termes de liberté de la presse.

“Le journalisme n’est pas de la sédition, a réagi le secrétaire d’État américain, Antony Blinken. En réduisant au silence des médias indépendants, la Chine et les autorités locales sapent la crédibilité et la viabilité de Hongkong. Des autorités qui ont confiance en elles-mêmes et n’ont pas peur de la vérité accueillent favorablement la presse libre. Nous appelons la Chine et les autorités hongkongaises à (…) relâcher les journalistes et responsables de médias qui ont été injustement détenus et inculpés”. L’Union européenne, quant à elle, s’est indignée d’une “poursuite de la détérioration de la liberté de la presse”.