Pour comprendre le rôle de l’Église orthodoxe dans les tensions géopolitiques avec la Russie, il faut d’abord comprendre sa nature. L’Église orthodoxe n’est ni une organisation pyramidale comme l’Église catholique, ni une nébuleuse comme l’évangélisme. L’Église orthodoxe a son propre système. Elle est constituée de quatorze Églises dites autocéphales. C’est-à-dire qu’elles existent par elle-même, avec leur propre conducteur spirituel et leur propre synode. Pour être autocéphales, ces Églises doivent se reconnaître entre elles. Une Église orthodoxe aux États-Unis peut être liée au patriarcat de Moscou, bien qu’il existe une Église autocéphale dans le pays. La notion de territorialité est toute relative. Et c’est là tout l’enjeu d’influence politique.
Depuis la chute de l’URSS, l’orthodoxie est redevenue un élément essentiel de l’identité russe. Vladimir Poutine ne le sait que trop bien et s’appuie sur la religion tant pour définir sa politique intérieure que pour diriger sa diplomatie. Même si la Constitution russe assure que la Fédération est un État laïc. Cette relation n’est pas à sens unique: l’Église russe dispose également d’une influence importante sur […]