Florence et Michel Taubmann étaient invités le 17 mars à donner une conférence devant une cinquantaine de personnes au Centre 72 de Bois-Colombes sur le thème : « Israël-Palestine, y a-t-il des raisons d’espérer ? » Tous deux ont vécu deux ans et demi en Israël, où Florence a suivi des cours à l’Institut chrétien d’études juives alors que Michel était journaliste à I24 News, chaîne internationale d’informations diffusées en français, en anglais et en arabe. Voici des extraits de leur intervention.
Ce sont d’abord les raisons de désespérer qui ont été évoquées :
Le conflit israélo-palestinien a déserté les feux de l’actualité depuis l’échec des énièmes pourparlers de paix sous l’égide de John Kerry et la meurtrière guerre de Gaza à l’été 2014 (environ 2000 Palestiniens tués, dont beaucoup d’enfants, ainsi que 63 soldats israéliens). Le contexte régional – avec plus de 200 000 morts en Syrie en 5 ans – et international, avec le feu qui ravage le monde musulman de la Tunisie au Pakistan en passant par les attentats en Europe, relativise forcément le conflit, d’autant que « l’Intifada des couteaux », qui a causé une trentaine de morts parmi les Israéliens juifs et près de 200 tués parmi les Palestiniens, n’a pas été suivie d’un soulèvement populaire et est vivement critiquée par nombre d’Arabes israéliens mais aussi par des Palestiniens des territoires occupés.
Sur le plan politique, la situation parait également désespérante, avec ce paradoxe qu’une bonne majorité des Israéliens reste favorable à la solution des deux Etats, tout en se dotant d’un gouvernement, le plus à droite de l’histoire du pays, qui, en encourageant de nouvelles implantations en Cisjordanie, ne fait rien pour la création d’un Etat palestinien. Mais vivant dans un territoire de la taille de la Normandie, beaucoup d’Israéliens ne veulent pas prendre le risque de voir Daesh s’immiscer dans le pouvoir palestinien, alors que le Hezbollah continue de menacer la frontière avec le Liban, et qu’à Gaza le Hamas, qui conteste toujours l’existence d’Israël et mène le peuple d’une main de fer, fait pourtant figure de modéré face à toutes les factions islamistes en jeu pour lui ravir le pouvoir ? […]