Cela se passait le 10 décembre 1948, au palais de Chaillot à Paris, lors d’un vote où ce texte proposé par l’ONU fut adopté par 48 voix et 8 abstentions. Cette Déclaration fut un événement historique en réaction aux atrocités commises lors de la Seconde Guerre mondiale. Ce texte établit de façon universelle les droits inaliénables constitutifs de la dignité humaine. En 2017, ce sera le 69e anniversaire de cet événement capital dans l’histoire de l’humanité. Ceci afin d’affirmer, une fois encore, « plus jamais ça ».

Focus sur les mineurs

L’Acat (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) célèbre cet anniversaire cette année par un focus sur les mineurs isolés étrangers. Nous souhaitons sensibiliser les autorités sur le problème des enfants de moins de 18 ans, sans famille, qui ne sont pris en charge par aucun adulte sur notre territoire, explique le pasteur Florence Couprie, présidente de l’Acat. Elle cite à ce propos l’article 5 de la Déclaration des droits de l’Homme : Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Face à la montée inquiétante des discours de rejet et de haine de l’autre, l’Acat a lancé fin 2016 la campagne Accueil de l’étranger, en partenariat avec l’Église protestante unie de France et JRS (Service jésuite des réfugiés). Dans ce cadre, la prise en charge des enfants prend une place toute particulière. En effet, la convention internationale des droits de l’enfant devrait leur assurer un toit, des soins médicaux et une scolarité adaptés, ce qui n’est pas franchement le cas en France. Qui soutient encore que la loi française est l’une des plus protectrices ?

La suspicion, obstacle à la prise en charge

Tous ces mineurs n’ont pas vocation à demander le droit d’asile, poursuit Florence Couprie. Ils ont « simplement » fui la guerre, les persécutions, la pauvreté ou les violences familiales dans l’espoir d’une vie meilleure. Mais le plus souvent, ils ne bénéficient d’aucune prise en charge adaptée lorsqu’ils arrivent en France, même si la loi française le prévoit. La lourdeur et la lenteur des services administratifs et institutions sont bien connues. Ces jeunes se retrouvent donc livrés à eux-mêmes, fragilisés et vivent bien souvent dans des conditions inadmissibles. L’Acat prépare donc une « lettre d’intervention » s’adressant aux plus hautes instances et en premier lieu au président de la République, afin de mettre en lumière la situation de ces quelque milliers de jeunes.
De très nombreuses ONG préparent à l’occasion de cette journée du 10 décembre des interventions, chacune selon leur implication dans le domaine des droits de l’Homme. Le CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement) – Terre Solidaire (première ONG de développement en France) par la voix de sa présidente, Sylvie Bukhari-de Pontual, prépare un communiqué de presse insistant sur l’urgence d’un accueil digne et responsable de ceux qui se pressent à nos portes. La France n’est pas un bon élève, la population tolère cet état de fait, il en va de la responsabilité de chacun d’opérer un recentrement sur l’essentiel, insiste-t-elle. Car, comme l’a exprimé Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’ONU de 2006 à 2016, le respect des droits de l’Homme est dans l’intérêt de tous : il favorise le bien-être des individus, la stabilité des sociétés et l’harmonie d’un monde interdépendant.