Dans le chaos international actuel est passée trop inaperçue une lettre, signée par neuf gouvernements de pays européens menés par l’Italie et le Danemark, dont l’objet était de s’insurger contre la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). L’interprétation que ferait la Cour de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme, ratifiée par tous les membres du Conseil de l’Europe, entraverait la politique migratoire de ces États.

Cet article 3 ne dit rien d’autre que : « Nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou des traitements inhumains ou dégradants ». Faut-il que le respect de l’État de droit, c’est-à-dire des libertés et droits fondamentaux et des décisions de justice qui en découlent, soit à ce point dégradé pour permettre cette fronde dévastatrice encore inimaginable il y a peu de temps ?

Même en Europe se développe un souverainisme exacerbé et mortifère conduisant des gouvernements à ne plus admettre que leur politique migratoire doive respecter l’article 3 d’un traité européen majeur. Pour les neufs États signataires, la jurisprudence de la CEDH est trop stricte ; en d’autres termes, la politique migratoire doit s’accommoder de traitements inhumains et dégradants.

Le 18 juin est un jour qui rappelle ce que résister veut dire. Pour les protestants en particulier, n’est-ce pas l’occasion de se souvenir de l’exigence de ne pas céder à la facilité, au populisme ambiant, à l’oubli des raisons pour lesquelles cet article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme fait partie des piliers de la société à laquelle nous aspirons, une société respectueuse de l’égale dignité des personnes humaines ?

Christine Lazerges, professeure de droit pénal, pour « L’œil de Réforme »

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