La désinformation n’épargne aucun pays et prend différentes formes. Il peut s’agir de propagande, de manipulations économiques ou bien encore de faux contenus créés par l’intelligence artificielle. Pour le moment, la Norvège semble plutôt bien faire face à ce phénomène et conserve la première place du classement des pays les plus respectueux de la liberté de la presse. Elle est suivie par l’Irlande et le Danemark. La Corée du Nord, elle, reste bonne dernière, indique la Tribune de Genève. Elle est devancée de peu par la Chine, le Vietnam et l’Iran. Quant à la France, elle remonte de deux places et occupe désormais la 24e position du palmarès selon lequel les conditions d’exercice du journalisme sont mauvaises dans 7 pays sur 10. Le “petit gain” français s’explique “notamment parce que la situation se dégrade ailleurs”, indique Christophe Deloire, secrétaire général de RSF.

La 21e édition du classement insiste tout particulièrement sur les problèmes liés à la désinformation. Les deux tiers des 180 pays évalués, font face à “une implication des acteurs politiques” dans des “campagnes de désinformation massive ou de propagande”, précise RSF. C’est notamment le cas en Russie, en Inde, en Chine ou au Mali. L’ONG n’est plus tendre avec les “dirigeants de plateformes numériques qui se moquent de distribuer de la propagande ou de fausses informations”, lance Christophe Deloire. Dans son viseur, “l’exemple type” est “le propriétaire de Twitter, Elon Musk”.

Des sociétés spécialisées

Les faux contenus créés par l’intelligence artificielle (IA) sont eux aussi au cœur du problème. “Midjourney, une IA qui génère des images en très haute définition, alimente les réseaux sociaux en faux de plus en plus vraisemblables”, rappelle RSF. Et les exemples récents ne manquent pas, comme les fausses photos de l’arrestation de Donald Trump, du pape François, etc. Toutes ont été “reprises de manière virale” sur les réseaux sociaux.

“Les productions manipulatoires à grande échelle” sont, quant à elles, loin d’être de l’histoire ancienne. Créées par des sociétés spécialisées, pour le compte de gouvernements ou d’entreprises, elles sont diffusées à toute vitesse. En février dernier, une enquête menée par le collectif de journalistes d’investigation Forbidden Stories a permis de mettre au jour les activités de Team Jorge, une société israélienne spécialisée dans la désinformation. Ces “capacités de manipulation inédites sont utilisées pour fragiliser celles et ceux qui incarnent le journalisme de qualité, en même temps qu’elles affaiblissent le journalisme lui-même”, avertit RSF. “L’information fiable est noyée sous un déluge de désinformation”, estime Christophe Deloire. Pour lui, c’est sûr : “On perçoit de moins en moins les différences entre le réel et l’artificiel, le vrai et le faux.” Selon lui, pour améliorer la situation, il faudrait “remettre des principes démocratiques dans ce gigantesque marché de l’attention et des contenus”.