Bonne nouvelle pour Taïwan, mais pas pour la Chine. Lundi 29 novembre, l’Assemblée nationale a adopté une nouvelle résolution souhaitant que l’île démocratique participe aux travaux de plusieurs organisations internationales, comme l’OMS, explique Mediapart, qui relaie l’AFP. Le texte “en faveur de l’association de Taïwan aux travaux des organisations internationales et des forums de coopération multilatérale” a été adopté par 39 voix contre deux, précise le journal en ligne.
Déjà, le 6 mai dernier, le Sénat adoptait une résolution similaire, provoquant l’ire de Pékin. En effet, la Chine a toujours considéré Taïwan comme l’une de ses provinces. Depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping au début des années 2010, le pouvoir communiste n’hésite pas à se montrer menaçant vis-à-vis de l’île démocratique de 23 millions d’habitants, qui est de facto indépendante – car elle dispose de son propre gouvernement, sa propre armée, sa propre monnaie et élit sa présidente au suffrage universel direct. Et encore plus depuis que la présidente Tsai Ing-wen, fervente défenseur de l’identité des Taïwanais, a été réélue triomphalement en 2020.
En outre, la résolution transpartisane soutient “la poursuite des démarches diplomatiques engagées par la France” pour l’intégration de Taiwan aux travaux d’instances internationales telles que l’OMS. Elle met en avant “le succès et la notoriété du ‘modèle taïwanais’ de gestion de la pandémie de Covid-19”. Et regrette que les enceintes internationales, dont Taïwan est exclu (Taïwan n’est reconnu comme État que par 15 pays seulement), n’aient pas pu profiter en leur sein dudit modèle taïwanais. La résolution souligne également que “Taïwan a développé un système politique au pluralisme vivant et une vie démocratique vibrante, une extension des droits de l’Homme et une culture démocratique reposant sur des valeurs auxquelles sont attachés ses habitants”.
Taïwan “a démontré de manière constante une attitude pacifique, constructive et coopérative à l’échelle mondiale”, ajoute le texte. Lequel plaide par ailleurs pour consentir des efforts en vue d’une participation de l’île à l’OACI (aviation civile internationale), Interpole ou la CNUCC (Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques), par exemple.
Près de 200 députés de la majorité et de l’opposition ont signé le texte. Il reste que la France a reconnu diplomatiquement le régime de Pékin au grand dam de Taïwan, en 1964 : la résolution y fait allusion et stipule qu’elle “ne remet pas en cause la position constante de la France” sur ce point. “Merci à l’Assemblée nationale de France d’avoir soutenu une participation élargie de Taïwan aux organisations internationales. L’adoption de cette résolution est un pas en avant pour notre partenariat bilatéral fondé sur la démocratie, la liberté et les droits de l’homme”, a réagi sur Twitter la présidente taïwanaise.
Et ce, même si les groupes communiste et LFI s’en sont dissociés. Jean-Luc Mélenchon, chef de file des “insoumis”, a déclaré que “nous ne gagnons rien à aggraver les tensions” dans une région où les Etats-Unis “cherchent à créer une ambiance de guerre froide”. Une sortie critiquée par les spécialistes de la région, dont certains accusent le candidat à la présidentielle d’être pro-Pékin. Il faut dire que Taïwan se situe au cœur du bras de fer géostratégique de plus en plus exacerbé entre la Chine et les États-Unis, ce qui a eu pour conséquences l’accroissement de la pression militaire autour de l’île. La preuve : pour le troisième mois consécutif, 159 avions de l’Armée de libération (APL) ont fait une incursion dans la zone de défense aérienne taïwanaise en novembre.