Paul Valéry écrivait que « deux dangers ne cessent de menacer le monde, l’ordre et le désordre ». L’excès d’ordre, c’est la Chine où les individus ont peu de libertés individuelles, surveillés par la reconnaissance faciale qui est en train de mettre en place ce que les dystopies les plus effrayantes annonçaient. L’excès de désordre, c’est Haïti où il n’y a plus d’État et où les gangs font la loi. Pendant longtemps j’ai pensé que l’excès de désordre était préférable à l’excès d’ordre, mais si je suis honnête avec moi-même, à choisir entre deux maux je préférerais vivre en Chine qu’en Haïti.
L’histoire nous rappelle que lorsque dans un pays, même soi-disant civilisé, le gouvernement devient défaillant, le pire est à craindre. Bernard Charbonneau a écrit à propos de la débâcle française lors de la Seconde Guerre mondiale : « Quand l’ordre social s’effondre comme en juin 1940, le masque est arraché ; et nous assistons stupéfaits à la révélation de ce que peut être l’individu moyen quand il n’est plus tenu, à défaut d’une foi personnelle, par un cadre social : une brute prête à s’avilir ou à tuer plus faible que soi pour un verre d’eau. » C’est ce qui arrive à Haïti.
L’échec de la reconstruction
Le pays a multiplié les malheurs : la dictature, l’exil des élites, l’instabilité institutionnelle, les épidémies, les catastrophes naturelles… Pourtant, après le tremblement de terre de 2010, les organisations internationales et les ONG se sont largement engagées pour […]