Aujourd’hui, une vingtaine d’écoles bibliques et de séminaires « officiels » existent dans la province du Fujian, au sud-est de la Chine, en face de Taïwan. Le séminaire protestant de Nankin continue d’être le principal centre de formation des pasteurs protestants.
Le 18 décembre dernier, dans la chapelle du Séminaire de théologie du Fujian, à Fuzhou, trente et un nouveaux pasteurs ont été ordonnés. Âgés de 30 à 45 ans, hommes et femmes, ils ont étudié au moins trois ans dans des écoles de théologie protestantes, que celles-ci soient de niveau provincial ou national. Ils s’apprêtent à servir dans l’un ou l’autre des nombreux lieux de culte protestant de cette province côtière qui figure au rang des plus prospères du pays.
Accompagner la sinisation de l’Église
Après avoir validé leur formation en théologie puis servi un minimum de six ans dans une église locale, ces trente et un candidats avaient demandé – et reçu – des différentes autorités civiles et religieuses compétentes l’autorisation de recevoir l’imposition des mains et devenir pasteur.
Une fois tous les candidats ordonnés, le supérieur du séminaire a pris le micro pour un mot de félicitation et une explication en trois points de la mission du pasteur dans la Chine d’aujourd’hui. Si les points un et trois étaient assez classiques dans l’appel au soin du troupeau, au courage, à la frugalité, à l’honnêteté, à l’étude assidue et à la modestie, le point deux attire plus particulièrement l’attention. En effet, le supérieur a expliqué l’importance pour les pasteurs d’accompagner la sinisation de l’Église en Chine – thème fortement encouragé par le gouvernement.
Pas d’ordinations chez les catholiques
D’après le prédicateur, la sinisation revêt la nécessité de servir pleinement la société, de se préoccuper concrètement des Chinois d’aujourd’hui et de développer autant que possible les services sociaux mis en œuvre par les communautés protestantes. Le prédicateur n’a pas manqué, de plus, de préciser que le plus haut service que l’Église puisse rendre reste l’annonce de l’Évangile.
La relative importance du nombre des pasteurs ordonnés le 18 décembre dernier contraste avec l’absence depuis trois ans de toute ordination sacerdotale dans la partie « officielle » de l’Église catholique dans la province du Fujian. L’agence d’information des Missions étrangères de Paris relève que les données pour la partie « clandestine » de l’Église catholique (non reconnue par les autorités) ne sont pas disponibles. Aucune ordination récente n’y a été rapportée. Cette relative abondance souligne aussi le relèvement et la croissance des structures protestantes dans cette région du pays.
Une formation qui s’est améliorée
Dans les années qui ont suivi la mise en place des réformes initiées par Deng Xiaoping (à partir de la fin 1979) et la réouverture des institutions religieuses (fermées durant la Révolution culturelle, 1966-1976), la formation des pasteurs chinois s’est lentement améliorée. Au départ, dans les années 1980 et 1990, il ne restait que de rares pasteurs âgés, formés par les missionnaires occidentaux, pour enseigner les pasteurs plus jeunes. Petit à petit cependant, avec des apports venus souvent de l’étranger, les séminaires ont repris vie. Cette renaissance a été opérée au sein du Mouvement patriotique pour les trois autonomies, l’instance mise en place en 1950 par le gouvernement pour enregistrer les protestants sans plus aucune distinction entre anglicans, presbytériens, luthériens, etc.
Chacune des cinq religions officiellement reconnues en Chine populaire (bouddhisme, taoïsme, islam, protestantisme, catholicisme) est chapeautée par une « association » de fidèles et de clercs chargée d’organiser la vie des organisations religieuses sous le contrôle des autorités civiles.