Jeune professeur dans un lycée au nord de Belfast en Irlande du Nord durant les années 1970, il était clair pour moi que certaines tueries et violences politiques qui paralysaient la société étaient en fait soutenus par des jeunes au chômage à la fin de leurs études, choisissant l’agitation et rejoignant une ou plusieurs organisations illégales et violentes de l’époque, par besoin de camaraderie. Ma réponse a été de réfléchir à ma foi chrétienne. Si ma foi n’avait rien à dire dans cette situation, alors je n’avais rien à dire. J’ai démissionné de l’enseignement et j’ai commencé à travailler directement avec ces jeunes dans le cadre d’un centre des Unions Chrétiennes de Jeunes Gens nouvellement ouvert en ville. Un programme passionnant d’activités en plein air, de formations à l’emploi et de rencontres favorisant l’amitié entre jeunes catholiques et protestants. Il y avait certes des tensions et des défis, mais des vies ont été changées en bien, malgré les difficultés.
La violence était toujours encore présente partout en Irlande du Nord. Après 11 années de travail sur le front de la jeunesse, j’avais besoin de repos, au risque de craquer. Une année sabbatique au Anabaptist Mennonite Biblical Seminary à Elkhart, Indiana (USA) m’a préparé pour la phase suivante, le travail pour la paix.
Après quatre années dans la formation de responsables jeunesse à leur travail difficile et plein de défis, d’autres possibilités se sont ouvertes. Durant mon année sabbatique, je m’étais formé pour le travail de médiation entre victimes et offenseurs, ce qui m’a permis, à mon retour à Belfast, de participer aux débuts de la petite organisation qui devint plus tard Mediation Network Northern Ireland. Je fus le troisième membre à rejoindre l’équipe. Après quelques années, nous étions 12 employés, 30 employés à temps partiel, et quelque 60 volontaires. Le travail consistait à mettre en œuvre le concept et la pratique de la médiation là où les conflits s’exprimaient. Généralement, cela se passait dans la rue, entre voisins ou entre hommes politiques, entre policiers et la population, sur le lieu de travail ou même dans les foyers. […]