Les conservateurs britanniques n’avaient pas encaissé une telle défaite depuis le début du XXe siècle. Jeudi 4 juillet, les travaillistes de Keir Starmer ont remporté une large victoire. Le scrutin a également permis au parti de Nigel Farage, Reform UK, de faire son entrée à la Chambre des communes, précise BFMTV. Au pouvoir depuis 2010, le parti conservateur était donné perdant depuis de longs mois. Selon un sondage réalisé à la sortie des bureaux de vote, le Parti travailliste obtiendrait 410 sièges, quand les conservateurs n’en auraient plus que 131.

Cette élection marque la fin du calvaire du Premier ministre Rishi Sunak. Et ce, bien qu’il ait décidé de convoquer les électeurs en juillet sans attendre l’automne. Mais le résultat a été sans appel. Il s’explique par les politiques menées par cinq Premiers ministres : le Brexit, l’austérité, la crise du coût de la vie ou encore le système de santé publique à bout. Au fil des ans, les Tories se sont attirés tant de griefs de la part des Britanniques que la campagne les a conduits à essayer de limiter les dégâts.

Un multimilliardaire contre un fils d’infirmière

Pour ne rien gâcher, pendant la campagne, Rishi Sunak a accumulé les gaffes et semblé manquer de sens politique. L’ex-banquier d’affaires et ministre des Finances de 44 ans a notamment écourté sa participation aux célébrations du 80e anniversaire du Débarquement en Normandie. Il lui a également été reproché d’avoir tardé à réagir aux soupçons de paris frauduleux dans son camp sur la date des élections. Parallèlement, les clips alarmistes postés sur les réseaux sociaux n’ont rien arrangé. Il en va de même pour sa stratégie essentiellement basée sur l’accusation des travaillistes de vouloir augmenter les impôts et d’ouvrir les vannes de l’immigration illégale. Dans la dernière ligne droite avant les élections législatives, le Premier ministre britannique a choisi de brandir la menace que représenterait une “super majorité” travailliste à la Chambre des communes. Une manière d’admettre sa défaite.

Face à cette stratégie, Keir Starmer a mis l’accent sur ses origines modestes. Le travailliste est le fils d’une infirmière et d’un outilleur. Une image bien différente de celle véhiculée par Rishi Sunak, multimillionnaire. Par ailleurs, Keir Starmer a fait de son mieux pour faire oublier le programme dispendieux de son prédécesseur, Jeremy Corbyn, en promettant une gestion des dépenses publiques très rigoureuse. Il a également assuré qu’il n’augmenterait pas les impôts.

Pas de “baguette magique”

Le leader du parti travailliste compte ensuite sur une stabilité retrouvée, des interventions de l’État et des investissements dans les infrastructures pour relancer la croissance. Une croissance attendue pour permettre de redresser les services publics en déclin depuis l’austérité du début des années 2010. Affirmant sa fermeté sur les questions migratoires, Keir Starmer souhaite aussi se rapprocher de l’Union européenne, sans pour autant la rejoindre. Parallèlement à ces mesures, l’élu a souligné qu’il n’avait pas de “baguette magique”. Une prudence qui lui a parfois valu d’être accusé de manquer d’ambition, mais qui a permis au Labour d’engranger des soutiens dans les milieux d’affaires et dans la presse étiquetée à droite.