L’équipe allemande jouera son premier match le 17 juin contre le Mexique. Pouvons-nous donc prier pour sa victoire ?
Eugen Eckert: Dans la chapelle du stade de Francfort, nous ne prions jamais pour voir gagner notre équipe. C’est un collectif bien entraîné, et nos joueurs sont des professionnels compétents. Pour eux, il suffira de donner le meilleur d’eux-mêmes. Nous préférons prier pour que le match se déroule dans les règles et qu’il n’y ait aucune blessure parmi les joueurs ou les spectateurs. Nous souhaitons aussi aider les gens à voir le football comme un jeu et à se rendre compte qu’à l’issue des 90 minutes du match, la vérité de l’existence viendra toujours se replacer sur d’autres terrains. Mais naturellement, je n’ai rien contre le fait que le foot aussi puisse nous apporter des miracles – comme lorsque la finale de la Coupe d’Allemagne a opposé l’Eintracht Francfort au Bayern Munich, nous prouvant que oui, David peut bel et bien triompher de Goliath.
L’Église protestante d’Allemagne compte environ 22 millions de fidèles, contre les sept millions de licenciés de la Fédération allemande de football. Et pourtant, dans la République fédérale, les stades attirent bien plus que les lieux de culte. Dans quelle mesure l’Église peut-elle apprendre du football ?
L’Église doit très certainement tirer des leçons de la capacité à susciter l’enthousiasme de ce sport. C’est quelque chose qu’on retrouve parfois aussi lors des congrès synodaux, catholiques, ou pour certains cultes spécifiques. Mais en règle générale, nos Églises ne peuvent offrir les rebondissements du football, qui font la différence entre victoire et défaite ; l’issue des événements n’y est pas ouverte. Dans le cadre d’un culte, chaque élément, du jeu d’orgue à la conclusion, est si soigneusement préparé et calibré qu’aucune surprise n’y est possible. […]