Le rapport du religieux au civil est fondamentalement différent en France et aux États-Unis. De ce côté-ci de l’Atlantique, la religion relève du domaine privé et un homme politique doit conserver ses opinions religieuses pour lui. De l’autre côté de l’océan, en dépit d’une séparation rigoureuse des Églises et de l’État, chaque président prête serment sur la Bible lors de la cérémonie d’investiture et il est de bon ton qu’il évoque sa foi et qu’il prie pour que Dieu l’éclaire dans ses décisions. Il y a deux siècles déjà, Alexis de Tocqueville observait qu’en France la liberté et la religion étaient considérées comme antinomiques alors qu’aux États-Unis elles marchaient main dans la main.

Dans la culture américaine, parler de sa foi était une façon pour le président de reconnaître qu’il y avait quelque chose au-dessus de lui, qu’il n’était donc pas tout-puissant et qu’il se considérait comme un serviteur au service du bien commun. La démarche est belle, mais comme tout elle peut se pervertir. Au lieu […]