Les Églises protestantes dites « historiques » sont présentes depuis la Réforme et ont joué un grand rôle dans l’histoire du pays. Malgré les nombreux biens récupérés après 1989 et de très bonnes relations avec le pouvoir actuel, elles sont en perte de vitesse comme toutes les Églises établies des pays ex-communistes.
Une histoire ancienne
La plus importante et de loin est l’Église réformée de Hongrie qui compte aujourd’hui plus d’un Hongrois sur dix. Elle incarne pour ses membres l’Église « nationale » hongroise, dont les membres ont souvent été à l’avant-garde des combats pour l’indépendance face au pouvoir catholique autrichien et elle est aujourd’hui l’un des principaux soutiens du régime Orbán (avec l’Église catholique) : quatre ministres sur onze sont réformés dont le Premier ministre lui-même et le pasteur Balog, ministre des ressources humaines (éducation et culture). Elle a la particularité, pour une Église calviniste, d’être administrée, en plus d’un Synode, par quatre évêques, chacun responsable d’un district. Ses bastions se trouvent dans l’est du pays moins touché par la domination Habsbourg aux XVIe et XVIIe siècles avec Debrecen, sa capitale historique. Elle regroupe 1,15 million de personnes, soit 11,6 % de la population en 2011 et 20,9 % en 1930, 1 249 paroisses, 1 550 pasteurs et quatre facultés de théologie. Derrière vient l’Église évangélique de Hongrie, luthérienne, qui regroupait à l’origine les minorités allemandes et slovaques passées à la Réforme. Elle compte 215 000 personnes, soit 2,2 % de la population. Puis la petite Église unitarienne, fondée au XVIe siècle en Transylvanie, et qui est beaucoup plus présente chez les Hongrois de cette région que chez ceux de Hongrie (7 000 personnes).
Une diversité récente
Les autres Églises protestantes, plus tard venues, souvent clandestines ou à peine tolérées sous le communisme, sont en forte progression depuis mais restent malgré tout marginales : 76 000 personnes et 0,8 % des Hongrois contre 0,2 % en 1930, même si les chiffres officiels peuvent être nettement sous-évalués pour ce genre de communautés. La plupart de ces Églises n’ont pas été reconnues par la très controversée loi sur les Églises de 2011. Cela les a privées d’argent public à la différence des Églises historiques.
Les baptistes ont fondé dès 1846 l’Église baptiste de Hongrie, qui est toujours la plus grosse des petites Églises protestantes. Les autres courants sont divisés. Les adventistes ont fondé en 1898 ce qui allait devenir l’Union hongroise de l’Église adventiste du septième jour. L’attitude vis-à-vis des autorités communistes a provoqué une scission dans les années 1970 avec la création de la Communauté chrétienne de l’Avent mais les deux Églises, l’une reconnue, l’autre non, ont annoncé en 2015 leur désir de se rapprocher. L’Église méthodiste de Hongrie, elle aussi fondée en 1898, s’est scindée à la même période, une minorité dissidente partant fonder avec le célèbre pasteur Gábor Iványi (grand défenseur des Tsiganes et des sans-abris) la Fraternité de l’Évangile en Hongrie. On n’oubliera pas l’Armée du Salut (Üdvhadsereg) fondée ici en 1924, interdite en 1949 et réapparue en 1990.
Derniers arrivés, les pentecôtistes ont fondé leurs premières communautés dans les années 1920, dont est issue l’Église pentecôtiste hongroise. Mais leur plus célèbre congrégation est aujourd’hui l’Assemblée de la Foi (Hit Gyülekezete) fondée en 1979 par Sándor Németh, lui-même issu du catholicisme. Très présente dans les médias, elle possède une chaîne de télévision généraliste qui diffuse ses prêches du dimanche matin et lui a permis d’obtenir le statut très envié d’Église reconnue.