Donald Trump et ses partisans nous imposeront-ils leur manière de penser ? Leur discours vengeur et dominateur pourrait nous entraîner à répondre sur le même registre, alimentés par le sentiment de menace. Allons-nous, à notre tour, rêver d’imposer notre puissance, plaçant l’Europe parmi les grandes nations, au milieu des rivalités entre Chine, Russie et États-Unis ?

L’attitude décomplexée de cet élu américain déclarant « Nous sommes le prédateur dominant » est sidérante autant que fascinante. Derrière le projet d’acquisition du Groenland se cachent des rêves de conquête qui rappellent nos propres agissements. Ce que nous reprochons à Trump ou Poutine, nous l’avons souvent pratiqué : colonisation, Françafrique, exploitation économique… Sous couvert de mission civilisatrice, nous avons construit notre puissance sur le dos des autres. Facile aujourd’hui de nous indigner.

Le monde est-il condamné à la dichotomie dominants-dominés ? Une alternative est pourtant possible : résister en posant des gestes de fraternité, se radicaliser dans l’amour et le partage.

Cette posture, profondément évangélique, invite à chercher la racine du problème : l’esprit de domination fait-il partie de notre nature, ou l’amour est-il au cœur de notre humanité, menacé par le désir mimétique ? Les deux semblent coexister : une humanité capable du pire, mais aussi du meilleur, lorsqu’elle choisit la coopération.

Il est urgent de résister pour que la folie prédatrice n’étouffe pas la voie de l’amour et de la justice. Comme l’écrivait Etty Hillesum face à la Shoah : « Le moindre atome de haine ajouté à ce monde le rend plus inhospitalier ». Seigneur, aide-nous à extirper l’esprit de domination et à emprunter la voie du partage et de l’amitié.

Samuel Amedro, pasteur, pour « L’œil de Réforme »

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