Une douzaine de paroisses réparties dans tout le pays, un corps pastoral africain et essentiellement formé à l’Institut al-Mowafaqa, fleuron de la formation théologique protestante dans la sous-région, l’EEAM est en plein essor, dans un pays lui aussi en plein développement, notamment en matière de démographie. En effet, pour tout un ensemble de raisons, le Maroc est passé de 8 millions d’habitants en 1957 à 38 millions en 2018. Les défis sont multiples, et l’un d’entre eux, non des moindres, est l’accueil des migrants, lesquels sont en croissance exponentielle ces dernières années.

Le Défap est engagé à plus d’un titre aux côtés de son Église-sœur du Maroc, et l’un des projets les plus importants, que soutient l’UEPAL pour la deuxième année, est justement l’aide d’urgence pour les migrants. Lors de leurs visites sur places, les responsables du Défap ne manquent jamais de se rendre dans les camps et notamment celui de Fès, où travaille aussi le Comité d’Entraide International (CEI). « Ils apportent du bien et pas seulement des biens, assurent une présence humaine et un accompagnement spirituel » notait déjà en 2017 l’ancien secrétaire général du Défap, Jean-Luc Blanc. Basile Zouma, son successeur depuis juillet dernier, [s’est] également [rendu] sur place [en ce mois de novembre] : un quasi-retour aux sources, car lui aussi a été pasteur formé à l’Institut al-Mowafaqa, et il a beaucoup travaillé sur place auprès des migrants.

L’histoire de ces hommes, femmes et enfants qui peuplent les villages précaires est pour chacun unique, mais toujours mouvementée. Répartis en quartiers selon les pays d’origine, c’est une petite Afrique qui s’y est reconstituée à la va-comme-je-te-pousse: les Nigériens des sables côtoient les Ivoiriens de la lagune ou les Camerounais des plateaux, les Gambiens des forêts voisinent avec les Érythréens des déserts. Et toujours la vie s’organise, qui passe parfois, malheureusement, du provisoire […]