Mohammed Ben Salmane, alias « MBS », prince héritier du royaume d’Arabie saoudite, incarne, à 33 ans, la nouvelle génération de dirigeants saoudiens qui aspire à sortir le pays de son archaïsme politique et social. Depuis que son père, le roi Salman, 82 ans, l’a nommé prince héritier en 2017, il s’est donné l’image d’un réformateur énergique qui entreprend, à marche forcée, de moderniser une société longtemps figée dans un immobilisme prudent.

Mohammed Ben Salmane a fait souffler sur le pays un léger vent de renouveau. Il a prêté une attention particulière au statut des femmes, dotées de nouveaux droits, autorisées pour la première fois à conduire. Il a séduit par son dynamisme et sa volonté d’ouverture une partie de la jeunesse, qui souffre du poids des conservatismes, notamment religieux. À l’extérieur, il a gagné la sympathie des dirigeants occidentaux, comme celle d’Emmanuel Macron, qui l’a reçu amicalement à Paris en avril dernier.

L’assassinat sauvage du journaliste Jamal Khashoggi par des agents de Riyad dans l’enceinte du consulat saoudien d’Istanbul fait apparaître un autre visage du prince héritier, celui d’un despote cruel qui ne connaît d’autre moyen que le crime pour faire taire un opposant.

Certes la brutalité de Mohammed Ben Salmane s’était déjà manifestée dans la façon dont il avait éliminé ses principaux rivaux ou dans la calamiteuse intervention militaire au Yémen. Mais l’atroce meurtre d’Istanbul va plus loin dans […]