Le torchon brûle comme cela n’avait plus été le cas depuis un moment. En poste depuis moins d’un mois, la nouvelle Première ministre japonaise, Sanae Takaichi, a fait des débuts remarqués, en ne prenant pas de gants au moment d’évoquer, le 7 novembre dernier, la réaction qu’adopterait le Japon en cas d’opération militaire chinoise à Taïwan, RFI. À ses yeux, un tel scénario constituerait « une menace existentielle » pour son pays et justifierait l’envoi de troupes nippones sur place au nom de la « légitime défense collective », que l’on peut retrouver dans une loi adoptée il y a dix ans dans l’archipel.

Premiers ministres comme ministres japonais ont toujours veillé à traiter cette thématique avec la plus grande précaution, mais celle qui est devenue le 21 octobre dernier la première femme de l’histoire à accéder à cette fonction a mis les pieds dans le plat. « Jusqu’ici, les dirigeants japonais s’étaient montrés très mesurés sur ce sujet sensible. Aucun Premier ministre ou ministre n’avait osé un tel commentaire », confirme le professeur en relations internationales à la Meiji Gakuin University de Tokyo, Paul Midford, rapportent Les Echos.

Des conséquences immédiates

La réaction a été immédiate du côté de Pékin, où les propos de Sanae Takaichi ont été perçus comme provocateurs, notamment car la Chine considère Taïwan comme une de ses provinces, alors qu’il s’agit pourtant bel et bien d’un État disposant de sa propre autonomie politique. Le Parti communiste chinois, qui dirige la République populaire de Chine depuis plus de soixante-dix ans, a notamment estimé que le Japon venait de dépasser les bornes. « Le sujet de Taïwan touche au cœur des intérêts de la Chine. Quiconque ose franchir cette ligne rouge affrontera l’opposition déterminée de plus de 1,4 milliard de Chinois et de l’entière nation chinoise », a-t-il ainsi déclaré.

Le président taïwanais, Lai Ching-tea, a quant à lui prôné une désescalade des tensions en appelant la Chine à « faire preuve de retenue, de se comporter comme une grande puissance et de ne pas devenir un fauteur de troubles », d’après une information de l’AFP citée par 20 Minutes. Un appel au calme qui intervient alors que près de 500 000 billets d’avion entre la Chine et le Japon ont été annulés depuis le 15 novembre dernier, les compagnies aériennes chinoises allant jusqu’à proposer des remboursements gratuits.

Les dissensions diplomatiques vont plus loin, certains projets cinématographiques japonais ayant vu leur sortie décalée en Chine, au même titre que la publication d’une enquête d’opinion conjointe entre les deux pays. Les ressortissants japonais présents sur le territoire chinois ont été appelés à faire attention, notamment « lors de [leurs] déplacements », et à être « particulièrement attentifs à [leur] environnement ».