Alors que les familles libanaises s’apprêtent à célébrer Noël, que les rues de Beyrouth, à l’image de toutes les capitales du monde, scintillent en rouge et blanc, affichant l’apparence du bonheur, le mot « espérance » a-t-il encore un sens ici ? Depuis presque 6 mois, les poubelles quittent les beaux quartiers pour s’entasser aux abords de la ville, dans ces banlieues pourries où vivent les pauvres, les réfugiés. Un peu plus, un peu moins… qu’est-ce que ça peut bien leur faire après tout ? La crise des poubelles, symbole d’une crise plus profonde, a donné naissance à des mouvements de contestation citoyenne : « Vous puez ! » ; tags et slogans en anglais et en arabe montrant du doigt les vrais fautifs, « les saboteurs de la République » comme les appelle chaque matin le quotidien l’Orient-le-Jour.
Noël ici, c’est aussi la présence de 1 300 000 réfugiés Syriens, familles dont la plupart sont sans emploi, sans école, sans maison, sans avenir, est-ce encore une vie ? Noël ici, c’est la guerre ou le blackout aux frontières Nord, Sud et Est. Au Liban, il n’y a guère que la Méditerranée qui offre aux regards l’illusion de la liberté vers l’occident. […]