L’Avent est un temps bien singulier. Pendant toute l’année, nous avons entendu les injonctions de contrôle, de maîtrise. Jusqu’à hier, nous nous efforcions encore de tout maîtriser, cherchant notamment une réponse essentiellement technique aux problèmes qui s’annoncent, doublement menaçants parce qu’ils sont confirmés par le GIEC et les experts en qui nous avons placé notre confiance.
L’angoisse monte, car les mauvaises nouvelles s’accumulent, et nous voyons sous nos yeux le monde changer. Mais dans cette période troublée, que peut nous dire ce temps de l’Avent ?
Il nous dit qu’il nous faut tout d’abord veiller : s’informer, comprendre, entendre les cris silencieux d’une création en souffrance, s’ouvrir à un monde inconnu, celui de la vie sous toutes ses formes. Pour (bien) veiller, probablement faut-il ne pas trop nous pencher sur les pertes qu’une nécessaire évolution de nos modes de vie devra engendrer. Veiller, comme être concentré et disponible.
Et puis il nous faut accueillir : dépasser les angoisses d’un avenir incertain, s’affranchir des limites que nous nous sommes données et que nous avons calées dans nos habitudes et conforts de vie. Expérimenter des perspectives de futurs désirables, accueillir l’imprévisible, la créativité, la venue d’un royaume sobre, déjà annoncé par la transition…
Et surtout, il nous faut espérer, imaginer et raconter de nouvelles histoires. Le pire n’étant jamais certain, dire à ceux qui refusent d’avoir des enfants que nous aurons besoin des nôtres, ou des leurs, pour aider notre humanité à bâtir un monde plus juste, en paix avec la création. Avoir confiance, c’est dire que demain sera meilleur, et agir pour cela. Espérer, c’est témoigner qu’un petit enfant couché dans une mangeoire est venu changer le monde.
Jean Fontanieu, conférencier spécialisé dans le changement climatique, pour « L’œil de Réforme »
