Si les attaques contre l’Iran ont (temporairement ?) cessé, les colons israéliens en ont profité pour accentuer leurs violences en Cisjordanie, rendant chaque jour la solution à « deux États » un peu plus illusoire. À Gaza, des localités entières continuent à être dévastées par des frappes quotidiennes, des populations affamées sont victimes de tirs alors qu’elles tentent d’obtenir un peu de nourriture et, à plus long terme, les moyens de subsistance des Gazaouis (agriculture, bétail, etc.) sont systématiquement détruits (lire Le Monde du 25 juin).
Or nous ne connaissons qu’une partie de la réalité puisqu’un blocus empêche toujours les journalistes de pénétrer dans l’enclave pour faire leur travail. Protester sans relâche, ne pas devenir, selon l’expression de Péguy, « pire qu’[…] une âme perverse, […] une âme habituée » me semble constituer un devoir élémentaire : justice pour les Palestiniens.
Puisqu’Israël a été conçu comme un « État refuge », et que l’antisémitisme ne se réduit pas aux horreurs nazies, il nous faut insister également sur la co-responsabilité de l’Occident dans les massacres actuels, toujours rappeler la permanence et l’ampleur de l’antijudaïsme haineux chrétien et sa sécularisation en antisémitisme raciste : le sionisme est un fruit de l’affaire Dreyfus.
Le rapport, sur l’année 2024, de la Commission nationale consultative des droits de l’homme montre que l’antisémitisme n’a rien, en France, d’un phénomène résiduel. Pire : comme le dit ce rapport, « la classe politique au pouvoir […] semble s’être désengagée de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme ». On connait, hélas, la tendance humaine à opérer des amalgames. Les protestants doivent, dans un même mouvement, défendre les Français juifs et réclamer une paix juste pour les Palestiniens.
Jean Baubérot-Vincent, professeur d’histoire et de sociologie de la laïcité, pour « L’œil de Réforme »
