D’après le Programme des Nations unies pour l’environnement, au moins 40 % de tous les conflits internes (guerres civiles, rébellions) ont un lien avec l’accès aux ressources naturelles – c’est par exemple le cas de celui qui oppose agriculteurs et éleveurs au Sahel. Ce constat vaut aussi pour les conflits internationaux dans une proportion probablement encore plus élevée, puisque des raisons religieuses, historiques ou ethniques cachent souvent la vraie source des conflits, qui est la raréfaction des ressources naturelles renouvelables (eau, biomasse) et non-renouvelables (pétrole, minerai, sable). C’est la conséquence de l’accroissement de la consommation et du nombre des consommateurs.
L’addiction de nos sociétés à une croissance économique perpétuelle augmentera inévitablement à l’avenir le nombre et l’intensité des conflits pour les ressources. L’élection de Trump, l’échec prévisible de la COP 29, le réarmement démographique prôné non seulement par Emmanuel Macron mais aussi par Vladimir Poutine, Elon Musk et Xi Jiping, sonnent le glas de tout espoir de maintenir la démographie et la consommation – et par conséquent les conflits – à des niveaux soutenables.
Que pouvons nous faire face à ces sinistres perspectives ? « Imaginer la paix » (Paul Ricœur) ? Certes, à condition de ne pas nous réfugier dans des illusions spirituelles ou religieuses, ni de désigner un groupe particulier comme responsable alors que le monde entier partage l’addiction à la croissance. Penser la paix commence par analyser les causes des conflits avec lucidité et demande d’agir en conséquence. « Ce n’est plus d’être heureux que je souhaite maintenant, disait Albert Camus dans L’Envers et l’endroit, mais seulement d’être conscient. »
Martin Rott, juriste, pour « L’œil de Réforme »