Cette principale de collège, aujourd’hui à la retraite, ne désespère pas de voir un jour une paix juste et durable entre Israël et la Palestine. Malgré les violences dont elle a été témoin.
Une chose est de savoir que la vie des habitants des territoires occupés par les colons de l’Etat d’Israël est difficile, une autre est de partager les tensions qu’ils subissent au quotidien. « L’objectif est de rendre la vie des gens impossible, pour qu’ils partent », explique Elisabeth Mutschler. A Bethléem, elle a pu se rendre compte du fonctionnement des checkpoints, ces zones de passage vers Israël, par lesquels sont obligés de passer matin et soir des milliers de gens. « Quand des observateurs sont là, ça se passe mieux, les Palestiniens le disent. Un regard international entraîne forcément plus de retenue, explique-t-elle. Les gens peuvent quand même mettre jusqu’à une heure trente pour traverser. » Autre difficulté : l’accès à l’eau. Les ressources en eau de Cisjordanie sont exploitées par Israël puis vendues au prix fort aux Palestiniens, de façon irrégulière et parcimonieuse. Dans la vallée du Jourdain, elle a aussi été témoin des brimades subies par les bergers dont les pâturages se réduisent de plus en plus. Sans parler des démolitions de maisons parce que construites sans le fameux permis qui n’est jamais accordé… Et des gens forcés de quitter leurs habitations en raison des fréquentes manœuvres militaires.
Une résistance malgré tout
Elisabeth Mutschler a beau s’indigner de ces violations des libertés fondamentales du droit international, elle tient à préciser que « ce n’est pas parce qu’on met le doigt là-dessus qu’on est antisémite ou antisioniste ».
Et malgré ces faits qu’elle qualifie de « harcèlement », elle relève des signes d’espoir. Une des choses qui l’impressionne, c’est « la capacité des palestiniens à supporter toutes ces brimades et humiliations, à ‘faire avec’, tout en gardant la tête haute ». Cette résistance non-violente se double selon elle d’une importante « capacité de résilience », soutenue par le travail, sur place, d’organisations israéliennes et palestiniennes qui encouragent à dépasser les sentiments de haine pour construire ensemble. Son espoir est de voir un jour la création de deux Etats, Israël et Palestine, vivant côte à côte, « même s’il y en aura pour des décennies à guérir les plaies… ».
- A lire aussi :
Le programme œcuménique d’accompagnement en Palestine et Israël
Crée en 2002 suite à un appel des Eglises de Jérusalem et des organisations chrétiennes locales, EAPPI (Ecumenical Accompaniement Programme in Palestine and Israel) poursuit un double objectif : d’une part assurer une présence protectrice et internationale auprès des populations vulnérables en Cisjordanie occupée ; d’autre part sensibiliser le grand public et interpeller les autorités politiques sur l’impérieuse nécessité de trouver des solutions non violentes au conflit israélo-palestinien. En lien avec d’autres organisations non gouvernementales, 1800 personnes de plus de 25 pays dont 20 Français ont ainsi séjourné trois mois sur place, par groupes de 3 à 5 personnes. Une fois de retour dans leur pays, ces accompagnateurs/observateurs sont amenés à partager leurs observations via des conférences et des débats, mais aussi en écrivant des articles et des rapports destinés entre autres aux Nations Unies et à l’Unicef.
En France, la coordination d’EAPPI est assurée par le DEFAP, service protestant de mission.
L’EAPPI est l’un des 28 projets de solidarité soutenus par l’UEPAL en 2017. Toutes les infos, y compris pour devenir accompagnateur œcuménique, sur www.uepal.fr/S’impliquer/Mission.