Trente ans après l’assassinat de Yitzhak Rabin par l’un de ses compatriotes, le 4 novembre 1995, un trou de souris s’entrouvre vers la voie de la paix au Moyen-Orient. Il est dommage que l’opinion publique, focalisée sur les erreurs du président en politique intérieure, ait vite oublié le rôle joué, dans le déclenchement de ce processus, par la reconnaissance française de l’État de Palestine, suivie par celle de pays comme le Canada et le Royaume-Uni, également membres du G7.
Surtout, les médias devraient mettre davantage en valeur le plan de paix actuel élaboré par la France et les pays arabes. En effet, il présente l’intérêt de s’occuper du moyen et du long terme et propose des solutions sur des sujets laissés dans l’ombre par l’initiative de Donald Trump. Or il faudra bien les affronter si on veut parvenir à une paix durable.
Pour autant, la solution à deux États est-elle viable ? Depuis des années, Israël, tous gouvernements confondus, s’emploie à la rendre irréalisable. On peut se demander si, avec les quelque 150 colonies réparties sur le territoire de la Cisjordanie qui la fragmentent de plus en plus, les Israéliens n’ont pas créé de l’irréversible.
Leur objectif est clair : le « Grand Israël » de la Méditerranée au Jourdain. Cela signifie un état de guerre permanent qui se terminera par un bain de sang. D’autre part, quid des deux millions d’Arabes israéliens, citoyens de seconde zone, en butte à des discriminations (droits politiques, emploi, logement, etc.) ?
La moins mauvaise solution ne serait-elle pas, alors, un État binational avec les mêmes droits pour tous ? Certes, nous en sommes encore loin, et des haines se sont accumulées, mais, en 1945, une réconciliation franco-allemande semblait elle aussi relever de l’utopie.
Jean Baubérot-Vincent, professeur d’histoire et de sociologie de la laïcité, pour « L’œil de Réforme »
